Bigger Spin / EP 005 - Benjamin Deberdt
*
Le bureau & This Was Just Now
C’est ici que ça se passe. Négatifs, planches-contacts, canapé-lit pour les invités, ordinateurs, écrans, scanneur, magazines, zines et fanzines.
Tout est rangé, classé et à sa place, selon une méthode imaginée par Benjamin.
This Was Just Now : c’est le zine papier que Benjamin fabrique et vend. Des photographies, des personnes et des personnages, des rencontres et un peu de skate, aussi. Un regard affûté sur son entourage. À découvrir.
*
TransWorld SKATEboarding Magazine
Un des magazines américains de référence, qui traverse le temps, qui a jadis eu l’épaisseur d’un bottin. Le premier numéro date de mai / juin 1983. Le dernier sorti est avec le Français Adrien Bulard en couverture qui affirme sa maîtrise du backside tailslide.
Sous l’impulsion de Larry Balma, propriétaire de Tracker Trucks, le magazine est l’alter-ego ensoleillé et coloré d’un Thrasher provocateur et punk. Le photographe Grant Brittain contribue dès le premier numéro, David Carson est le graphiste, Tobin Yelland et Dan Sturt y auront leurs plus belles photos.
*
Lacadur & Stacy Peralta
Lacadur, une marque française qui s’engouffre dans l’aventure skateboard dans les années soixante-dix. Ça roule et ça tourne, c’est fabriqué pour les skateparks en béton qui sont rares, mais anthologiques (Béton Hurlant).
Les planches sont rares et prisées, on peut en trouver en brocante.
Stacy Peralta. Personnage très important du skate, qui a été pro, avant de se lancer dans le business pour créer la marque Powell Peralta, en 1978, avec George (Powell, donc…).
Peralta va façonner l’image du skate, marketer la pratique et mettre en avant, avec des films, des pratiquants audacieux qui renouvellent le genre. Un certain Guy Mariano a été de l’aventure. Sébastien Daurel et Stéphane Larance aussi, pour la partie européenne.
*
Tobin Yelland
Une photo de Benjamin.
Tobin fait partie de la deuxième vague de photographes, après Craig Stecyk et Glen E. Friedman.
À un moment où le skate descend dans la rue et séduit un paquet d’ados, Tobin profite de cet élan pour prendre en photo l’émergence du street. Il fera surtout des photos d’ambiance, des portraits, mettra en avant des situations étranges et farfelues, dans des lieux parfois reculés. Il a shooté quelques photos d’actions, à un moment où les figures étaient créées par la nouvelle génération.
Henry Sanchez, premier backside nosebluntslide. Ph.: Tobin Yelland
*
Sébastien Caldas
Tout simplement le cousin de Benjamin.
Graphiste de La Lettre, A5 et SuGaR, et aujourd’hui de la marque de vélo Commencal.
Plutôt hip-hop, Girl, Menace, éS, baggy, il a été le partenaire créatif et récréatif du rédac-chef.
*
Les bassins de la Tour Eiffel
Ils se trouvent au niveau des piliers Ouest.
Un grand espace en béton, parfois vide, avec des courbes et une île que Natas aurait passée en ollie, une bonne partie en tout cas, c’est Stéphane Larance qui a confirmé.
Benjamin y a pris quelques photos, dont une de David Couliau qui se trouve à plusieurs mètres au-dessus de la ligne de flottaison, Yann Garin, Tom Penny et même Maf, qui a dû emprunter un skate le temps d’un ollie.
*
Powell Experimental
On en revient à Powell Peralta, qui avait cette image très forte à coup de têtes de mort, de flammes et autres squelettes. Le professionnel en devenir avait des planches test “Experimental”, que l’on voyait dans les magazine et qui annonçaient un passage dans la cour des grands.
Benjamin a eu une planche “Experimental” dessinée avec soin par son cousin.
*
De Street Machine à la Fontaine des Innocents
Dans le quartier des Halles, rue Bailleul, le skate-shop Street Machine ouvre ses portes en 1989.
Tobia, un Danois, aux commandes ; Bamba et d’autres derrière le comptoir.
On y était mal reçu, on touchait avec les yeux, on fantasmait, on voyait des pros et des skateurs sponsorisés, c’était l’usine à fantasmes ultime.
Un beau jour, on vous faisait un signe de la tête quand vous franchissiez la porte ; un moment de reconnaissance gratifiant, vous en êtiez.
La Fontaine des Innocents est à cinq minutes en ride de La Machine, c’était le spot où ça se passait.
La crème du skate parisien, quelques banlieusards, des tricks jamais vus, des embrouilles.
Ouverte du lundi au dimanche de 12h - 23h. À la Fontaine, on “scotchait” (“On a scotché à la tonf’ toute la journée.” - Alex Wise)
*
Éric Obré, dit Bamba
Figure tutélaire du skate parisien de la fin des années 80, Bamba avait dévalé les pentes de SF avec Tommy Guerrero, avant de gérer Street Machine.
Il a ensuite convolé vers San Diego pour ouvrir un Street Machine américain, dessiner des chaussures chez Sole Tech, puis DC.
Peut-être dans Big Spin un de ces jours...
*
Alex Wise + Stéphane Larance
Alex Wise.
LES skateurs parisiens par excellence. Sponsorisés par Street Machine, souvent à la Fontaine, mais aussi sur d’autres spots, dévoués et fédérateurs. Des skateurs de rue, avec le look, l'attitude et la fluidité. Avoir vu skater Alex ou Stéphane, c’était déjà une bonne journée de skate.
Vous saurez tout dans un futur épisode de Big Spin. Partenaires de skate et bien plus, ils ont défini le skate parisien à une époque où tout était à inventer. Ils étaient incontestablement les rois de “La Vague” et les champions du late shove-it, et de bien d’autres tricks.
Beaucoup de saine compétition entre eux, beaucoup de passion transmise.
Stéphane Larance (avec quelques background props de qualité sur la dernière. Saurez-vous les reconnaître ?).
*
Natas Kaupas
Pionnier du street moderne, il a magnifié le ollie, le nollie, fait le premier handrail (ou le deuxième, en compétition avec Mark Gonzales).
Il a des parts inoubliables, un style inimitable et des t-shirts Public Enemy en ollie air.
Une légende vivante, au même titre que Mark. Il a tiré sa révérence au début des années quatre-vingt-dix après un problème de genou.
Il a créé par la suite la marque de skate 101 (One-O-One), qui a vu passer Dill, Gino, Koston… Puis collaboré avec un paquet d'autres, en parallèle de son projet personnel : Designarium.
*
Stereo
Sous l’égide de Deluxe, Stereo casse les codes du skate de l’époque. Vidéo en Super 8, skate de rue en descente dans San Francisco et du jazz sur mesure comme musique. La base.
Il semble que leur vidéo A Visual Sound soit sortie en 1994, et la vidéo Girl Goldfish en 1993, mais à l’époque le décalage n’était pas que horaire.
*
Salman Agah
L’un des précurseurs du switch (ou opposite à l’époque – “Henry Sanchez il fait opposite flip nose-wheeling à la fin de sa part’ !” - Fabien Dendiével), pas loin de San Francisco, il a fait beaucoup, et fait encore beaucoup pour le skate.
Personnage qui a eu quelques planches dont les graphiques sont restés dans les mémoires. Benjamin a eu ce modèle rayé : “un moment de gloire totalement accidentel”.
*
Plan B / 1991
Cliquez pour comprendre. (Peut-être ?)
Le vidéaste et mentor Mike Ternasky, qui a forgé des carrières et poussé les skateurs à se dépasser, est parti de la marque H-Street avec une partie du team pour créer Plan B.
Un énorme événement, ensuite la vidéo "Questionable" (ci-dessus) change le paradigme de par sa qualité, mêlant choix musicaux et figures incroyables.
On découvre Pat Duffy, Mike Carroll, Sean Sheffey, Rick Howard… Nos yeux s'exorbitent, on vient de passer à une nouvelle ère.
*
Mark Gonzales, Marseille, Lyon et GG
Jérémie Daclin. Ph.: Benjamin Deberdt
Mark Gonzales. Ph.: Benjamin Deberdt
Hervé Ricqueau en wallride to fakie. Ph.: Rémy N'Guyen
Grâce à Momo (Laurent Molinier, qui est le boss du skateshop Bud de Marseille), voici le spot du champignon de la gare Saint-Charles. Hervé Ricqueau en wallride to fakie, Rémy N’Guyen à la photo.
Le wallie grind, pas loin du Prado, sûrement paru dans SuGaR ou A5, il est bien de face. À Lyon, Gonzo fera plein de tricks à la Gonzales, filmé parfois par Fred Mortagne, malheureusement peu pris en photo.
Mark Gonzales. Ph.: Benjamin Deberdt
Quelques années plus tard, Mark viendra avec sa "circle board" à Paris faire une chorégraphie au Trocadéro.
Une vidéo, un livre et des souvenirs plus tard, on se rend compte que sans Mark, la planche à roulettes n’aurait que peu d'intérêt.
Mark Gonzales. Ph.: Benjamin Deberdt
*
Ludo(vic) Azémar
"Echoes From The Road" par Ludovic Azémar.
Jeune vidéaste qui a eu l’immense privilège de filmer Mark Gonzales, il a ensuite été désigné pour une autre mission de taille : Antiz !
Il aura été sur la route un paquet d’années avec le crew européen le plus punk. D’ailleurs, sa dernière création est peu à peu en ligne et se nomme “Echoes from the road”, à voir sur le site Thrasher.
*
Thomas Campbell
Thomas Campbell en photo avec Benjamin (à droite), par Mike O’Meally.
Photographe de TransWorld à l’époque, sa curiosité maladive l'amène en Europe et ailleurs pour photographier les locaux, raconter des histoires et motiver les troupes.
Personnage discret, mentor de nombreux artistes et créateurs en devenir. Toujours très actif, plongez-vous dans son travail photographique pour mieux apprécier sa peinture actuelle et ses extra-terrestres modernes.
*
Quim Cardona
Quim Cardona. Ph.: Benjamin Deberdt
“Mini-Gonz, Mini-Gonz !”.
Quim Cardona apparaît dans les écrans autour de 1996. Issu du New Jersey, il était tout le temps “Downtown Manhattan” avec son frère Mike, malheureusement disparu quelques années plus tard.
Quim, Joaquim pour les intimes, avait une fluidité et une arrogance sur un skateboard à faire pâlir tous les pros de la ville. En switch, en normal, les jambes qui se tendent et tordent dans tous les sens, le voir skater était hallucinant.
Gros pop, grand sourire, amateur de rap, de tech et de wallies.
*
Bobby Puleo
Un des deux types de Big Spin travaillait au skateshop Street Machine le samedi, avant les années 2000.
Benjamin, quand il était à l’étranger, appelait en PCV sur le téléphone fixe du magasin. Une dame vous demandait si vous acceptiez la communication, ce qui impliquait qu’elle vous serait facturée.
On peut parler d’un bon euro la minute à cette époque. Et on était plusieurs à lui parler.
On venait de voir Bobby Puleo à la télé, dans une vidéo 411VM ; on lui a dit que ce jeune type avait une certaine classe, et qu’il était à l’aise sur sa board. À vous de juger.
*
Keith Hufnagel
Keith Hufnagel. Ph.: Benjamin Deberdt
Huf, comme Keith Hufnagel.
King of New York.
Skate tous les jours, dans le froid ou sous une chaleur de plomb ; il était extrêmement motivé.
Très pro, confiant, il fait ce frontside boardslide sur une jersey le long d’une voie rapide pendant que le feu était rouge.
*
Keenan Milton & Peter Bici
Peter Bici. Ph.: Benjamin Deberdt
Des enfants de New York, partis en Californie pour y trouver le soleil et skater professionnellement.
Pete a écourté sa carrière, pendant que Keenan a su faire les choix qui le feront exploser. Il meurt tragiquement en 2001, et laisse un grand vide.
Keenan Milton. Ph.: Benjamin Deberdt
Ici sur le tapis de Samir. “Coup’ du mande ni??a!”, 1998.
Ph.: Benjamin Deberdt
*
Alleged Gallery & les Beautiful Losers & Supreme
Ph.: Benjamin Deberdt
Les années quatre-vingt-dix, New York est un bouillon de cultures nuit et jour.
Aaron Rose profite de l’essor du skate pour réunir une partie des artistes qui y sont liés. Ils peignent, dessinent, prennent des photos ou font des films, ils deviennent les Beautiful Losers.
Et exposent à Alleged, sur Ludlow, où ça vendait du crack au corner.
*
Ethan Fowler
Jeune skateur mis en avant par Thomas Campbell, il fait une entrée fracassante avec son style puissant et décontracté, et devient champion du monde.
À dix-sept ans, il passe un mois à Paris, skatouille et boit du vin en terrasse.
Il est toujours dans le top des tre flips.
*
Jamie Thomas
Jamie Thomas dans "Welcome To Hell".
Jamie Thomas, sa board avec un drapeau américain sur le grip, son sac US et ses bons conseils : “Soit tu y vas, soit tu t’assois.”, n’était pas là pour rigoler quand il est passé à Paris.
On a vu par la suite qu’il était sérieux, et qu’il prenait le skate au sérieux.
*
GG & le boudin de Bercy des plans inclinés en herbe
Jérémie Daclin. Ph.: Benjamin Deberdt
Un trick mythique sur un spot mythique.
Jérémie s’élance et boardslide ce spot inskatable, car large et rugueux, après un poulet curry, beaucoup de sauce piquante et quelques clopes et avec Pontus (boss de Polar, qui venait d’entrer chez Cliché à l'époque) comme témoin.
*
SuGaR, KingPin & Pause
Trois magazines papier dont Benjamin est à l’origine.
Si vous avez un vieux autour de chez vous, n’hésitez pas à aller chez lui jeter un oeil. Les écrits restent.
*
Les images des autres
Ph.: Tobin Yelland
Le wallride de Mickey Reyes à la Bart Station de Market Street à San Francisco.
Toby Shuall sur les épaules de Mark Gonzales.
Julien Stranger et sa radio.
Les collaborations entre Matt Hensley et le photographe Dan Sturt.
Toute une époque.
Ph.: Tobin Yelland
*
Les photos qu’il a prises et qu’il affectionne particulièrement
Ph.: Benjamin Deberdt
Mark Gonzales le premier janvier met dans le mille ; quelques heures plus tôt, Julien Bachelier (le boss d’Antiz) faisait frontside boardslide sur un rebord de métro, vers les Galeries Lafayette.
Quim Cardona à Washington Square, à New York.
Tom Penny en backside nollie dans un Aquacity désaffecté près de Marseille.
Des grands moments de skateboard, en France et à l’étranger.
Dennis Busenitz, ollie à Créteil en 2001. Ph.: Benjamin Deberdt
*
S’il ne devait rester qu’une seule part
Mark Gonzales dans la vidéo Blind Video Days. Regardez !
*
S’il ne doit en rester qu’un (ou presque ?)
Mark Gonzales & Natas Kaupas
Les piliers, la base, les précurseurs.
Ils ont innové, inventé, adapté, agrégé tout ce qu’il était possible de prendre au surf, au skate freestyle et autres disciplines mêlant grâce et style.
On en est là à cause d’eux, grâce à eux.
Merci !
http://www.instagram.com/bigspinpodcast
BigSpin sur YouTube
http://www.soundcloud.com/bigspinpodcast
BigSpin sur Tunes
http://www.facebook.com/BigSpinPodcast