"Gringo Diaries" / PREMIERE / Chris Komodromos / INTERVIEW

« GRINGO DIARIES » nous est récemment parvenu de la part de son auteur basé à Londres, en Angleterre donc : Chris Komodromos, et il s'agit là d'un patchwork de clips VX-1000 qui ont assez évidemment été collectés dans des cadres plutôt atypiques, qu'il s'agisse de skateparks en métal absurdement plantés au milieu de la jungle du Costa Rica ou encore de spots D.I.Y. fous construits dans le jardin de quelqu'un, si pas directement dans son salon. Ces « GRINGO DIARIES » semblant déborder de récits humains, c'est tout naturellement que leur conte a retenu notre curiosité et soulevé un paquet de questions de Chris s'est prêté au jeu de répondre - le bouquin complémentaire, c'est ci-dessous !
 
LIVE Skateboard Media : Alors, qu'est-ce qu'ils racontent exactement, ces « GRINGO DIARIES » ? Pour nos lecteurs, saurais-tu retracer leur récit mais aussi ton parcours à toi, et comment tu t'es retrouvé à filmer un tel truc, et les efforts que ça a représenté aussi ?
 
Chris Komodromos : Je suis Chris Komodromos, j'ai vingt-neuf ans et je viens de Londres, en Angleterre. 
 
A la base, mon périple a commencé à Californie avec un bon pote à moi, qui skate aussi. J'ai emmené ma Sony VX-1000 à tout hasard, au cas où on se sentirait de faire quelques clips, et puis on avait aussi prévu de rejoindre un autre pote sur place, Ismael [Castro], à San Francisco - qui nous a laissé squatter chez lui quelques jours après notre arrivée sur place. Ces moments-là, on les a passé à faire du downhill et à arpenter le centre-ville, mais on a quand même trouvé un peu de temps pour skater le spot légendaire de Pier 7.
 

"Par contre, dès le coucher
du soleil, c'était fini,
pas de lumière et nulle part
où skater puisque tu es
dans la jungle
"

 
George (mon pote) et moi sommes ensuite remontés vers le nord de la Californie, où on avait prévu de rester environ un mois chez des potes qui avaient un terrain dans les montages, histoire de s'échapper un peu de tout et de chiller. Il y avait bel et bien un skatepark dans le coin, mais pas vraiment à proximité et donc en tout, on a skaté que deux ou trois fois sur ces quatre ou cinq semaines mais ça, on y était préparés... C'est là que j'ai rencontré Abel Mazille, qui était pote avec les propriétaires du terrain, et il s'est trouvé qu'il skatait aussi, donc on est tous redescendus quelques jours à L.A. après le séjour en montagne, histoire de faire quelques sessions avant de rentrer à Londres (et qu'Abel rentre en France). 
 
A ce moment, j'ai pris la décision de plutôt rester avec nos amis qui, eux, s'apprêtaient à rentrer chez eux à Santa Teresa au Costa Rica, plutôt que de rentrer à Londres. Ils m'ont offert l'hospitalité pour la totalité de mon séjour, ce pour quoi je suis éternellement reconnaissant - thank you Brenda, Lukas & Diego.
 

"Il avait construit une mini-rampe
directement dans sa maison,
à côté de tout
son équipement de musique
"

 
Aucun d'entre eux ne skatait, par contre, donc je n'avais pas l'intention de continuer à filmer au Costa Rica, mais ils m'ont finalement dit qu'un skatepark avait récemment été installé là-bas. C'était dans une ville qui s'appelle Santa Teresa, donc, un ville de surfeurs dans la jungle juste à côté de la plage, sur la côte Pacifique du Costa Rica. Il s'y trouve cette route inskatable et poussiéreuse qui longe la plage sur vingt-cinq kilomètres, et toutes les habitations et les boutiques sont construites autour, sinon un poil plus à flanc de colline.
 
En tout cas, quand on est arrivés à L.A., on a passé deux ou trois jours à filmer là-bas avec Abel, à Venice Beach ou à L.A. Courthouse - principalement des lignes improvisées. Malheureusement, George s'était fait un truc à la cheville et n'a pas vraiment pu skater sur place. Après quelques jours, on s'est séparés et mon aventure au Costa Rica a commencé.
 
LSM : L'énergie locale a l'air unique, que saurais-tu nous raconter au sujet de l'histoire de ces spots sur place, et des gens qui les pratiquent, voire qui les fabriquent ? A part du skate, s'adonnent-ils à quoique ce soit d'autre de créatif qui mériterait plus d'attention ? Et que sont ces lieux atypiques, exactement ; tu nous parlais de la jungle, la vidéo témoigne également d'une session dans le studio de quelqu'un ? A quoi ça ressemble, la vie sur place ?
 
Chris : La plupart du temps, j'allais au skatepark la journée, à peu près une heure ou deux avant le coucher du soleil car sinon il faisait bien trop chaud, mais au final je me suis habitué au climat et à la fin je skatais pratiquement tout le temps. C'était à à peine une minute de la plage, planqué dans la jungle, juste à côté du commissariat. J'ai rencontré beaucoup de skateurs (locaux et touristes) qui fréquentaient l'endroit, et je suis devenu ami avec un certain nombre d'entre eux, donc j'ai commencé à ramener ma caméra là-bas et à y filmer.
 

"A mon départ de Londres,
je ne m'étais certainement
pas dit que je reviendrai
avec autant d'images
et de visages
"

 
Par contre, dès le coucher du soleil, c'était fini, pas de lumière et nulle part où skater puisque tu es dans la jungle. Aussi, il n y a littéralement qu'un seul spot de rue, celui que tu vois Jessie Gonzalez et Milo skater, avec les cinq marches en sortie de la banque du coin et, la plupart du temps, la police ou les riverains te diront assez rapidement d'arrêter. Je crois que Jessie est le seul à avoir skaté le spot durant son temps à Santa Teresa, et ça fait sept ans qu'il est sur place.
 
La ville en elle-même est surtout pleine de surfeurs et bien que beaucoup de ces surfeurs skatent, souvent ils ne skatent que de la courbe au park en tant qu'extension sur roulettes de leur style en surf. Sinon, avant la construction du park, il y avait une courbe en béton que tu pouvais skater un peu comme une mini, mais avec des roll-ins en guise de coping et il était interdit de faire des ollies dessus, ou quoique ce soit comme manoeuvre où le skate quittait le sol - il n y avait droit qu'aux carves et aux powerslides, c'était même marqué sur un panneau, pour préserver le béton, j'imagine. Jessie était au park tous les jours puisqu'il y tient une école de skate, dispensant des leçons avec sa copine Lindsay et son pote Bruno qui apparaît également dans la vidéo. Jessie a également bossé au skateshop local, Denga, donc à mes yeux c'était vraiment le skateur principal de sa scène à Santa Teresa, et il savait vraiment s'approprier le park. De temps en temps, ils organisaient des compétitions au park, aussi, et ça attirait à chaque fois beaucoup de public et de skateurs, tu pouvais gagner des prix et il y avait un groupe qui jouait en direct.
 

"On avait entendu parler de
la rampe en béton de Barrett
construite juste à côté de sa
maison - mais rien ne peut
te préparer à sa réalité
"

 
Jessie se trouvait connaître d'autres gens qui avaient construit leurs propres rampes sur leurs propriétés privées respectives, s'y rendre est donc rapidement devenu une option mais à chaque fois, il fallait trouver un scooter ou un quad pour s'y rendre, c'était soit ça soit marcher pendant des heures en montée, dans la jungle et son noir total si tu avais eu la bonne idée de partir la nuit. Parmi ces gens se trouvaient Mark, un Américain qui s'était installé à Santa Teresa. Il avait construit une mini-rampe directement dans sa maison, à côté de tout son équipement de musique avec la cuisine à côté. Elle devait faire deux mètres de haut, avec un bon rayon. Il avait aussi un groupe qui jouait quand les gens skataient, et chacun pouvait s'y joindre au rythme de la session. Les vibrations étaient vraiment bonnes, j'ai passé l'une des meilleures nuits de mon séjour chez Mark. On y a skaté trois fois en tout pendant que j'étais à Santa Teresa, puisqu'il ne voulait pas non plus que l'endroit soit constamment envahi par les skateurs puisque sa famille y loge aussi tout le temps, ce qui est compréhensible. Il suffisait juste de le prévenir quelques jours à l'avance pour pouvoir y aller.
 

"Avant cette vidéo,
je ne connaissais
qu'une seule des personnes
qui ont fini dedans
"

 
La rampe suivante que tu vois dans la vidéo, c'est la rampe de Barrett. Un autre Américain qui, lui aussi, s'était installé à Santa Teresa. Sa maison se trouvait tout au bout de la route, en haut des collines et pour s'y rendre en scooter ou en quad il fallait bien trente minutes, certains utilisaient même des voitures de golf. On avait entendu parler de la rampe en béton de Barrett construite juste à côté de sa maison, on en avait même vu des photos - mais rien ne peut te préparer à la réalité du truc. Elle est énorme, comme un genre de méga-rampe avec un quarter plus petit que l'autre qui se transforme en roll-in raide et t'expédie ensuite sur un énorme mur de vert. C'est la rampe la plus folle et la plus massive que j'aie vu en vrai. Je n'ai vu que deux personnes atteindre son coping : Barrett et Addy Greenlaw. Addy a dix-neuf ans et vient du Maine, aux U.S. - il était à Santa Teresa en vacances avec son frère Aubrey, que tu peux entrevoir au micro à la fin de la session chez Mark et avec ses potes Steve et Mike Lynch. On a skaté là-bas une seule fois, parce que c'était quand même loin et que c'était compliqué de joindre Barrett - d'ailleurs, il ne me répond même pas pour me donner son nom de famille [rires]. Mais on le voit dans le générique, avec les tatouages sur le côté de la tête.
 

"Tu vas skater puis
regarder le coucher du soleil
sur la plage, avec une noix
de coco fraîche qui t'a
coûté cinquante centimes
"

 
A part toutes les rampes faites maison et le skatepark dans le noir total dès six heures de l'aprèm, on était limités quant à ce qu'on pouvait skater, à moins de partir en périple en dehors de Santa Teresa pour trouver un park différent - une idée qu'on a finalement jamais concrétisé. En vérité, la plupart des skateurs du coin restent à Santa Teresa. Le style de vie est bien différent de celui d'un skateur plus urbain qui habiterait à San Jose par exemple, où tu peux trouver des spots de rue et plusieurs skateparks au sein d'une seule ville ; les skateurs de Santa Teresa n'ont pas de variété dans leur terrain, du coup ils ne progressent pas forcément au summum de leur potentiel, par rapport à s'ils évoluaient en ville. Du coup c'est une petite scène, avec peu de locaux réguliers.
 
Cependant, il y a un autre O.G. de la scène : Sebastian, que tu peux voir au synthé au début de la section filmée chez Mark. Il est propriétaire d'un café sur la plage qui s'appelle Bali Beach Deli, et qui met en avant le surf et le skate local. Sebastian, Argentin d'origine, est venu à Santa Teresa pour le surf, à la base, et pour vivre une vie tranquille, pura vida comment ils disent au Costa Rica. Beaucoup de skateurs de passage mangent chez lui, et aiment bien passer du temps là-bas. C'était notamment le cas du Suédois Eddie Fick, avec qui j'ai passé pas mal de temps. Lui a une marque : Premium Death, qui reprend le skate, le surf, le tatouage et l'art en général, il faisait d'ailleurs pas mal de tatouages pour ses potes lors de son séjour à Santa Teresa. Sebastian a même fini par vendre la wear d'Eddie au café, j'y ai même pris un t-shirt ! Le mode de vie à Santa Teresa est très relâché et très lent, c'est comme ça que ça se passe, tu vas skater puis regarder le coucher du soleil sur la plage, une minute plus loin, avec une noix de coco fraîche qui t'a coûté cinquante centimes.
 
LSM : Au final, tu avais un message ou une intention spécifique, avec cette vidéo, ou c'est vraiment plutôt un patchwork d'images de ton séjour et de bons moments ?
 
Chris : Heureusement que je suis parti un minimum préparé avec six cassettes, car c'est pendant que je filmais au Costa Rica que je me suis rendu compte que j'étais en train d'accumuler suffisamment d'images pour faire un montage décent, qui présenterait tous les skateurs que j'ai rencontré sur mon périple. Tout s'est mis en place naturellement, en fait, ça m'a même surpris moi-même. A mon départ de Londres, je ne m'étais certainement pas dit que je reviendrai avec autant d'images et de visages, donc je suis content !
 
Du tout au tout, j'ai accumulé ces images tout au long de mes péripéties, avec quelques pauses dans les sessions skate entretemps. Quand je suis rentré, j'ai un peu tissé ça comme un documentaire dudit séjour, pour montrer où je suis allé et qui j'ai rencontré. En fait, avant cette vidéo, je ne connaissais qu'une seule des personnes qui ont fini dedans, c'est à dire Ismael Castro, donc ça a été un projet intéressant pour moi et je me suis bien amusé, tout en retirant de cette expériences des souvenirs et des amis qui resteront chers.
 
Donc big up to all the skaters and people I met along the way. Et merci à Mark et Barrett de nous avoir laissé skater chez eux !

 

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