Haze, et Bertrand Soubrier!

On parle souvent des “personnages” dans le skate, de ceux qui font que notre activité est unique, dans la diversité des caractères et aussi des destins… Bertrand est l'un d'eux. En toute modestie et certainement à l'insu de son plein gré. Et pourtant, il est là, toujours là, depuis… Depuis toujours, semble-t-il. “Skateur sponso” comme on disait à l'époque lointaine où Jérémie Daclin aura été le premier à le mettre en avant via Film Bearings, jusqu'à aujourd'hui toujours motivé à aller transpirer sur le(s) spot(s). Mais aussi à se lever le matin pour faire tourner la boite, Basementhill. Parce que voilà désormais cinq ans que Bertrand est aussi passé de l'autre côté, à travailler dans le skate ou plutôt pour le skate. Sa passion est désormais sa vie et via Haze, il transmet ce qu'il l'a rendu inévitable dans la scène française et même au-delà. Un personnage oui, mais un personnage comme on les aime, surtout.
 
Photos: Flo Lanni (sauf indiqué)

 

portrait: Marie Jubault

Qu'est-ce qui a fait qu'un jour tu t'es dit "je vais faire ma marque!"?
Au bout d'un moment, tu te rend compte que tu aimes vraiment ce que tu fais, mais que tu ne pourras pas skater toute ta vie. À un moment, le corps ne suivra pus et il faudra travailler comme tout le monde, donc c'était naturel pour moi de bosser dans le skate, et je me souviens très bien qu'aux fêtes de famille, quand mes tantes me demandaient ce que je comptais faire plus tard, dans ma tête, c'était clair : je monterais une marque dans le skate. Après, ce qui a fait que j'ai commencé par les roues, c'est qu'à l'époque, on était sponsorisés par des marques de roues avec Tao, et quand elles se sont arrêtées, ça nous a semblé naturel de faire perdurer le truc avec une nouvelle marque. Je me souviens qu'au début on voulait racheter Tikal avec Vincent Bressol, mais le mec n'a pas voulu. Ensuite, on a monté Travel avec Tao. Ça a duré deux ans et demi, puis nos chemins se sont séparés, du coup j'ai gardé la société Basementhill, et monté Haze quasiment dans la foulée. Les premières roues sont sorties officiellement en Mai 2010, et puis il y a eu Screwheads hardware, Creepn'Crawl skts (géré pas Steph), Pulsar Bearings et enfin Creep Grip.

 

Oscar Candon, nollie flip

Tu as toujours été un skateur plutôt technique, mais ton team est super divers, aussi bien dans le type de skate que dans les générations représentées… Comment tu choisis un skateur pour Haze?
C'est vrai que ça choque un peu les personnes qui me connaissent, mais il y a vraiment du bon partout, et pour le skate c'est pareil. Avec un mec comme Remy, Taveira c'est clair qu'on ne skate pas vraiment les même spots mais il a un truc que j'aime et surtout il a la classe dans son style de skate. C'est ça qui te fait aimer de le voir skater, même si tu kiffes plus un mec comme P Rod ou Nyjah, par exemple. Quand tu es un amoureux du skate, tu ne peux pas dire que des mecs comme Remy ou JP n'ont pas la classe et ne sont pas forts dans leurs domaines. Après, c'est une question de goût mais ils ont tous un truc, et déchirent dans leur façon de faire.
Pour le choix, j'avoue que Steph (Func88)m'influence un peu, aussi! Lui est plutôt rock, skateur des 80's, c'est un vieux, quoi! Je plaisante. En tous cas, même si j'ai beaucoup aimé l'époque Girl/Choco World/Blind (avant que Rocco revende tout ça, donc la fin des années 1990), j'ai commencé à l'époque de la Bones Brigade donc une période où les skateurs étaient de bon thrasheurs! Ça m'influence obligatoirement dans mes choix, aussi…

 

Hugo Maillard, kick flip
 
Si tu pouvais faire rentrer n'importe quel rider chez Haze, quelque soit son époque?
Compliqué de n'en choisir un! Un top 5, ce sera plus facile…
Guy Mariano, avant son come-back.
Lucas Puig, à n'importe quelle époque, même celle du Teenage Tour! [rires]
Mike Carroll, toutes époques confondues.
Seb Corde, dans les années 90, époque Anyway/Bside.
Natas Kaupas, à l'époque de la Street on Fire.
J'aurais bien dis JB Gillet, mais il a décliné mon offre, il y a deux ans… Enfoiré!

Bertrand Soubrier, heel flip varial pivot

En 2016, qu'est-ce qui te donne envie? De skater, mais aussi de continuer à gérer une marque en indépendant?
J'aime ça, donc 2016 ou 1996, c'est pareil! Par contre, 2016, pour une marque indé, c'est pas la folie… Après, c'est la même chose que pour rider, j'aime tellement le skate que je continue. Reynolds avait dit dans une interview qu'un skateur qui a une compagnie vendrait sa maison pour continuer à faire vivre sa marque contrairement à un business man… Il a bien raison, et puis l'amour rend aveugle, hein!? Je pense surtout que c'est ça, la raison.

Je me demandais comment s'était faite la connexion avec Func88 qui réalise toute l'imagerie Haze & co…
On avait des potes en commun. On me l'a présenté un midi dans un resto, et il était venu avec la première série (SHREDD) déjà sur papier! Lui aussi, c'est un amoureux et un passionné, alors ça c'est fait tout de suite sans contrainte ou longs débats sur comment on allait bosser ensemble… On est sur la même longueur d'ondes pour pleins de trucs donc ça aide bien.

Jérémie Daclin, 5-0.

Vous poussez de plus en plus vers une imagerie rappelant celle qu'on trouvait sous les boards dans les années 80, je trouve… Ça te rappelle des souvenirs?
Clair. Comme je disais, on a commencé dans cette période, et les boards de Marc McKee ou Jim Philips à l'époque, c'était quand même quelque chose. Toutes les World, Blind, 101, et un peu avant les Powell, Sant Cruz, c'étaient des tableaux, honnêtement.

Quels sont vos prochains projets?
Continuer à faire ce qu'on fait ! Et se développer un peu plus à l'étranger. Et puis il y a aussi un nouveau pro dont le modèle ne devrait pas trop tarder, fin Mars normalement. Et surtout la promo en exclusivité sur Live, enfin!

 
photo: Guillaume Martinez
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