PREMIERE / Kraków Kids / GREY AREA "Neverwhere" / INTERVIEW

Il y a quelques semaines, nous vous présentions une toute nouvelle part de Danny Fuenzalida, extraite de la vidéo indépendante polonaise "Neverwhere", signée Kuba Kaczmarczyk, déjà auteur, entre autres, d'un autre hit de l'underground en 2013 : "The Grey Area Video". Et bien, espérons qu'il vous reste de la place pour le dessert : aujourd'hui, nous vous présentons un autre chapitre de "Neverwhere", nulle autre que le premier de la vidéo, d'ailleurs - partagé entre un trio de kids de Cracovie : Kuba BrniakMichal Zarzycki et Franek Kramarczyk. Et histoire de mieux les connaître, quoi de mieux qu'un interview de groupe ?

LIVE Skateboard Media : Salut Kuba, c'est chouette de te reparler ! Alors, Kuba Brniak, Michal Zarzycki puis Franek Kramarczyk partagent le même chapitre de "Neverwhere", juste après l'intro et la section qui suit, avec Danijel Stankovic. Les mettre au début, c'était une façon pour toi de les présenter au monde ? Comment les as-tu rencontrés, ces jeunes ? C'est comment, de filmer avec eux - drôle, parfois ? Ils sont d'une autre génération que toi...

Kuba Kaczmarczyk : En fait, non, pour le montage, ça n'était pas spécialement ça mon idée. Quand tu montes une vidéo, tu fais surtout attention à son rythme ; surtout de nos jours, car c'est dur de garder les gens scotchés à un écran pour pas loin d'une demi-heure. C'est Alfred Hitchcock, je crois, qui a dit : "un film devrait commencer avec un séisme, puis continuer d'accentuer la tension". Du coup, jouer avec les variations de musique, et de contenu, permet de conserver un dynamisme.

Tu ne t'imagines pas écouter toujours la même musique ; à l'échelle d'une vidéo de skate, c'est pareil. Donc tout le long du montage du film, j'étais surtout concentré sur l'énergie générale, la cohérence qui émanait du résultat final.

Filmer avec eux a été super drôle même si, parfois, ils m'ont rendu complètement fou (ceci dit, ç'aurait pu être n'importe qui). Je pense notamment à un trip qu'on a fait à Malmo : pour une fois, j'étais parti uniquement avec eux et finalement, pendant cinq ou six jours je me suis retrouvé à être leur papa absolu, faute d'avoir quelqu'un d'autre de plus âgé à disposition ; au bout de vingt-quatre heures, j'ai abandonné [rires].

Mais en général, on se fend la gueule, et ça me donne l'impression d'être un kid moi aussi, parfois - j'aime bien !

LSM : Yo les gars, Kuba, Michal, Franek ! Vous vous présentez ? D'où venez-vous exactement et comment avez-vous commencé le skate ? Comment l'avez-vous découvert, et dans quelles conditions ? Vous aviez une bonne scène, des spots ?...

Kuba Brniak : Je m'appelle Kuba Brniak et je suis de Cracovie. Ce n'est pas une très grande ville mais c'est calme, et très beau.


Kuba Brniak, ollie up to frontside tailslide. Ph.: Kuba Baczkowski

J'ai commencé le skate à cause de mon cousin, qui m'a donné une board old school avec des roues et trucks en plastique ! Dès ce moment, j'étais à bloc, je skatais dès que je pouvais. Plus tard, mon père m'a acheté une board au marché. J'ai commencé devant chez moi, dans ma rue, parce que j'étais trop timide pour aller au park. Finalement j'y suis allé, et j'ai jamais décroché.

La scène était plutôt bonne. Je skatais avec des gens vachement plus âgés que moi.

Michal Zarzycki : Salut, moi c'est Michal mais on m'appelle Dida. J'ai vingt-et-un ans et je viens de Cracovie, en Pologne.

Mes parents m'ont acheté ma première board quand j'avais dix ans mais à l'époque je n'accrochais pas trop ; j'ai vraiment commencé plus tard, vers treize ans, après mon anniversaire. C'était l'hiver et j'ai commencé à aller au bowl en bois indoor de Cracovie : Pool Forum, qui est par ailleurs mon endroit indoor préféré à skater à ce jour. Beaucoup de gens m'y ont montré à quel point il y avait des possibilités en skate, et que ce n'était pas qu'un truc de gosses.

Franek Kramarczyk : Yo, je suis Franek, de Cracovie. C'est au sud de la Pologne, donc plein de spots pourris et de touristes bourrés [rires]...

"Mes premières vidéos de skate étaient polonaises"

J'ai commencé grâce à mon grand-père, qui m'a acheté une board à Décathlon à l'occasion d'une fête pour les gosses. Cracovie a l'une des plus grosses scènes de Pologne, avec plein d'anciens, et plein de jeunes qui s'y essaient...

Quand j'ai commencé le skate, il n'y avait pas grand chose : quelques parks en bois, quelques spots de street. Maintenant c'est différent : on a deux plazas en béton, une rampe de vert et encore plus de merdes en bois. Et puis notre shop local : Skate Or Die - big love.

LSM : Vos premières vidéos de skate, c'était quoi ? J'imagine que vous avez grandi à l'heure où Internet était déjà bien présent dans les foyers, donc vous avez sûrement toujours plus ou moins eu accès à tout (ce qui est bon, mais peut être mauvais) - quelles ont été vos premières inspirations, qu'aimiez-vous voir le plus dans une vidéo de skate ?

KB : Mes premières vidéos de skate étaient polonaises. Tout a commencé quand j'ai trouvé cette vidéo "Easy Livin'" sur Vimeo, faite par des skateurs de Bielsko-Biała. Ensuite j'ai vu les vidéos de Kuba Kaczmarczyk et puis les grands classiques ricains. J'étais notamment fan d'Omar Salazar's dans la "Mind Field".

"J'ai “Grey Area” en DVD aussi"

J'ai toujours été ouvert dans le sens où j'ai toujours eu la soif de tout regarder, afin d'ensuite mieux pouvoir créer, en tout cas dans ma tête.

Je regarde pas mal de trucs sur YouTube, mais j'ai aussi quelques DVDs. A une époque, je matais "Questionable" de Plan B deux fois par jour. J'ai "Grey Area" en DVD aussi.

MZ : L'une des premières vidéos de skate que j'ai vu était "Easy Livin'" par mon pote Aram Socha, avec le team Youth. L'idée de voyager partout dans le monde avec des potes et des skates, comme ils le faisaient, m'a séduit ; c'est devenu, depuis, le sens principal de ma vie et aujourd'hui, j'ai intégré les rangs du team Youth, donc c'est un peu comme si je vivais mon rêve !


Michal Zarzycki, ollie to backside nosepick. Ph.: Kuba Baczkowski

FK : Ma première [sv], ça a du être cette promo Plan B "Superfuture" en 2008, je crois ? Je l'ai en DVD.

Je crois que "Stay Gold" a eu une énorme influence sur moi. A l'époque j'étais à bloc de la part de Brandon Westgate, avec la track d'Earthless qui bute !

LSM : Vous matiez beaucoup de vidéos locales, donc; des vieux trucs aussi, peut-être ? Comment avez vous rencontré Kuba, comment vous êtes-vous rapprochés de lui, et à quel moment de votre parcours ? A-t-il eu une influence sur vous ? Dans notre interview précédent, il disait qu'il avait ses goûts bien particuliers en matière de tricks et de spots à filmer. Diriez-vous que le fait de le fréquenter a contribué à forger vos propres visions ?

KB : Oui, j'adore mater les trucs locaux, je trouve que c'est plus intéressant de regarder un pote skater que de fixer un inconnu. Et évidemment, j'adore les vieilles vidéos en général, j'ai même regardé "Hokus Pokus" avant-hier !


Kuba Brniak, wallie. Ph.: Kuba Baczkowski

Franchement, j'ai rencontré Kuba très tôt. J'avais onze ans, il est venu à Cracovie avec Michał [Juraś], Krzysiek [Poskrobko] et Simo [Makela]. Ils ont fait une halte au bowl indoor, on a tous skaté ensemble et ensuite on est partis à ce spot de ledge connu. Je ne savais pas trop qui ils étaient à l'époque ; mais j'étais trop content de voir des mecs filmer en vrai, notamment cette line de Krzysiek qui a ensuite été utilisée dans "Grey Area" et que j'ai revu là-dedans !

Ensuite, au fil des ans, on a appris à se connaître et on a commencé à filmer un peu. Kuba est un très bon coach une fois sur le spot : il sait exactement quoi te dire pour que tu aies vraiment envie de rentrer ton trick !

Oui, je pense qu'être autour de Kuba m'a beaucoup aidé ; il a toujours des nouvelles idées de spots et de tricks pour toi, c'est cool ! Et moi, j'aime les spots tout pourris, parce qu'ils rendent tellement bien.

"Je préfère faire de vieux tricks sur de nouveaux spots
que de nouveaux tricks dans des skateparks"

MZ : Je crois que j'ai bien maté toutes les vidéos jamais faites à Cracovie. Enfin, j'espère. J'adore vraiment regarder comment les anciens skataient il y a des années, sur les mêmes spots que je skate aujourd'hui, voire des spots disparus.

J'ai rencontré Kuba vers 2016, quand je suis allé à Varsovie pour shooter des photos avec l'autre Kuba, qui fait Barrier skate mag.

Dès que je l'ai rencontré, j'ai su que je l'aimerai beaucoup, mais pas lui. Il m'a pris, et me prend sûrement toujours, pour le gamin stupide de base. Et il a eu raison ; en fait, il a toujours raison.

J'ai toujours aimé le skate de rue. Je préfère faire de vieux tricks sur de nouveaux spots que de nouveaux tricks dans des skateparks.

C'est peut-être pour ça qu'avec Kuba, on s'entend si bien. Il est très patient quand on filme, et sait exactement quoi te dire pour te motiver donc oui - il a clairement contribué à mon développement.


Franek Kramarczyk, backside smith grind. Ph.: Kuba Baczkowski

FK : La vidéo précédente de Kuba, "Grey Area", est trop bien. On s'en rencontrés à Varsovie il y a quelques années, c'était un froid jour de novembre. On est partis skater les rues avec d'autres types, et c'est là qu'on a filmé notre premier clip, qui n'a d'ailleurs même pas été utilisé dans "Neverwhere".

Kuba est exigeant, comme réalisateur. Il te dira non si tu lui demandes de te filmer une line à Macba (sauf si elle est unique). Par contre à Cracovie, c'est moi qui choisit [rires] ou sinon Kuba et Michal.

"Ca faisait vingt ans que je voulais utiliser
ce morceau de Gang Green"

L'autre vidéo polonaise "Easy Livin'", c'est vraiment ma came, je l'ai matée des centaines de fois quand j'étais môme, on y voit les proprios du shop Skate Or Die : Andrzej Kwiatek et Pierre Dziedzic, cheers guys!

LSM : Kuba, pour en revenir au montage ; Kuba et Michal partagent le même morceau punk couplé à un montage rapide, formule classique qui fonctionne très bien avec leurs styles et leurs spots. Puis Franek débarque sur une musique plus romantique, dans une ambiance complètement différente. Etait-ce un choix conscient ; voulais-tu mettre en avant quelque chose de différent que tu verrais dans le skate de Franek ? D'une manière générale, assembler ce patchwork de trois styles différents dans une même section, était-ce facile ?

Kuba Kaczmarczyk : Dès le début, je savais que je voulais que ces trois-là partagent une part. Je voulais les présenter en une seule section car ils skatent tout le temps ensemble.

Ca faisait vingt ans que je voulais utliser ce morceau de Gang Green, et là je me suis dit que c'était le moment. Kuba, Franek et Michal skatent tous trois super vite et puissamment, donc ça collait.

Mais le morceau était trop court pour inclure les trois, donc j'ai du trouver autre chose pour Franek. On a pris un risque et on a finalement opté pour Cocteau Twins histoire de maintenir l'énergie.

Donc c'était encore une fois une question de rythme, principalement mais tu as raison, Franek est spécial que ce soit sur une board ou à côté. On parle de quelqu'un qui, à Fažana pour le Vladimir Film Festival, a plongé depuis le bateau jusque dans l'océan glacial sur le trajet du retour depuis les îles Brioni, en pleine nuit. Cette anecdote le représente très bien.


Franek Kramarczyk, ollie dans le plan incliné. Ph.: Kuba Baczkowski

LSM : Bon les gars, qu'avez-vous de prévu pour la suite ? Depuis "Neverwhere", vous refilmez pour d'autres projets ? Des trips en vue, peut-être ?

KB : Mon projet pour l'instant, c'est de continuer à faire ce que je fais et laisser les choses de mettre en place comme elles se présentent naturellement.

Evidemment, on veut refilmer avec Kuba mais je ne sais pas exactement ce qu'il veut faire après, à part que le mot d'ordre est plus court et plus rapide !

Malheureusement, je n'ai pas pu filmer depuis "Neverwhere" car j'ai souffert de nombreuses blessures entre les ligaments croisés qui m'ont valu une opération, un lot de chevilles et plus récemment, un disque vertébrale qui m'a valu des complications. Mais là je peux reskater, je me sens enfin à nouveau à l'aise sur un skate. J'apprends de nouveaux tricks, la météo s'améliore - donc je veux skater et voyager autant que possible. Merci pour ce petit interview !

"J'ai le projet de devenir millionaire,
mais il risque de ne pas se concrétiser"

MZ : Cette année j'ai le projet de devenir millionaire, mais il risque de ne pas se concrétiser. Donc en attendant je vais juste filmer un max avec Kuba pour ses nouveaux projets, et avec Aram pour la vidéo Youth.

FK : Je veux juste faire du skate. Je vais à Berlin cette semaine avec mes potes, dont Michal. Merci Aymeric, on se voit à Fažana !


Michal Zarzycki, ollie one foot. Ph.: Kuba Baczkowski
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