Fred Mortagne et “Hybridation”, en 5!
On vous en avait déjà dit deux mots, mais cette fois, c’est fait, Fred Mortagne nous propose un nouveau projet, Hybridation, une extension de son travail exposé à la Gaîté Lyrique pour Public Domaine, en 2011… L’occasion de lui tirer les vers du nez, sur la vidéo de skate en 2013, pour lui, et les autres.
Qu’est-ce que tu essayais de montrer lorsque tu as commencé à tourner de cette façon?
J’ai toujours aimé essayer de mélanger vidéo et photo. La première fois, c’était pour la vidéo Cliché Bon Appétit. Parce que pour moi, aucun des deux médiums n’est parfait… En simplifiant, et pour faire vite, la photo ne permet pas de montrer le mouvement dans son intégralité –je ne fais pas de séquences– ni la vitesse du skateur. Et, en vidéo, cela va souvent trop vite pour avoir le temps de bien “rentrer” dans la scène. Donc, l’idée était de créer une sorte de collection de photographies en mouvement : cadrer comme en photo, avec un caméscope, en limitant au maximum les mouvements de caméra.
Pourquoi penses-tu que la musique est aussi importante dans un montage de skate?
Certains réalisateurs négligent cet ingrédient, et parfois cela gâche tout, même si c’est hyper bien filmé, et que le niveau en skate est incroyable. Maintenant, le public a un oeil, et une oreille également, il est “éduqué” aux vidéos de skate! On ne peut plus lui donner n’importe quoi, il a un esprit critique développé. Pour moi, la musique a souvent été le point de départ, l’envie de donner telle ou telle saveur à une part ou une vidéo. Pour Hybridation, ça a été l’inverse. J’avais déjà les images, et il fallait trouver la musique qui correspondait. Pour l’exposition Public Domaine, j’avais utilisé un morceau existant, pour lequel je n’avais pas les droits. Plutôt que de me lancer dans l’aventure hasardeuse de demander la gracieuse autorisation d’utiliser le morceau, j’ai mandaté mes potes de Mount Analogue, le side project de deux des membres du groupe Coming Soon, avec lequel je travaille depuis plusieurs années. Je savais qu’ils étaient capables de composer un morceau spécialement pour la vidéo, et puis j’aimais l’idée de leur proposer ce petit challenge. Je leur ai expliqué ce que je recherchais. Je voulais un truc plutôt ambiant, qui reste secondaire par rapport aux images. Et ils sont allé au-delà de ça… À la première écoute, je me suis dit : “zut, c’est peut-être too much…” et au final, c’est tellement mieux que ce que je voulais. Le morceau apporte vraiment quelque chose au montage, c’est beaucoup plus fort… Donc, big up, boys!
Où tu vois la vidéo de skate se diriger, dans le futur?
Ce n’est pas vraiment quelque chose à laquelle je pense. Je fais mon truc de mon côté, j’essaye de toujours me renouveler, tout en restant original et créatif, et surtout en ne respectant pas les formats imposés. Je trouve les vidéos de skate tellement formatées, c’est bien dommage. Et en même temps, ça m'arrange bien!
Qui t’inspire, ces temps-ci, dans ce qui se passe en vidéos de skate au sens large? Dans leur technique ou leur vision de la chose?
À l'inverse de ce que je viens juste de dire, il existe de plus en plus de réalisateurs qui essayent d’apporter quelque chose de frais, de novateur, et ça fait bien plaisir! Je n'ai pas de noms précis qui me viennent à l’esprit, là, tout de suite, car l’offre de vidéos sur le net est tellement grande que c’est dur de tout synthétiser et mémoriser, mais cela fait plaisir de voir des mecs se bouger et apporter LEUR brique à l’édifice, et de ne pas se contenter de suivre les autres.
Quand est-ce que tu te diras : “c'est bon, j’arrête…”?
Disons que je vis un peu au jour le jour, dans un sens, donc tant que ça va bien, que je suis inspiré, que les gens kiffent et que les skateurs sont motivés à ce que l’on fasse des trucs ensemble, il n’y a pas de raisons d’arrêter. Ça reste une vie super privilégiée. J’ai une très grande liberté, je me fais plaisir, tout va bien, donc, let’s keep on rocking!
Pour profiter du projet Hybridation, c’est par ici que ça se passe!
Sammy Winter, ollie. photo: Nikwen