Meeting… Koichiro Uehara!
Photos: Shinsaku Arakawa
Interview: Benjamin Deberdt
Vous devez déjà être au courant que Magenta vient de recruter un skateur japonais… La connexion fait sens, mais pourquoi ne pas essayer d’en savoir un plus ?
Déjà, peux-tu te présenter aux skateurs de l’autre côté du globe ?
Bonjour ! J’ai 27 ans, et cela fait douze ans que je skate, maintenant. Et je ne fais que ça. Je pousse à travers les rues d’Osaka chaque jour.
En tant qu’étranger un poil inculte, les seuls skateurs d’Osaka dont j’ai entendu parler sont les Daggers. Tu skate avec eux parfois ?
Je les vois dans la rue, parfois. Tu es sûr de les trouver à Sankaku Koen, le « Triangle Park » d’Osaka. Daru [se prononce Dal, NDLR] est le plus incroyable ! C’est vraiment un skateur unique. Pas mal de gens le connaissent, en Europe, non ?
Ils l’ont peut-être vu dans une vidéo Heroin, mais je dirais que Chopper est plus connu… La ville est grande, mais est-ce qu’il existe une sorte d’unité entre les skateurs d’Osaka, ou est-ce que la scène se divise en différents crews qui ne se mélangent pas trop ?
Il existe pas mal de crews différents. Généralement, je skate et je traîne avec la famille Tightbooth. Mais si l’on skate des spots comme Takamae, devant l’immeuble Takashimaya, ou à Sankaku Koen, on skate avec les autres crews. Et puis on traîne et on fait la fête ensemble, ensuite !
Tu as pas mal voyagé loin du Japon, pour skater. C’est quelque chose d’important pour toi ?
Bien sûr ! Tu dois voyager ! Voyager te fera découvrir des spots, rencontrer des gens, découvrir des scènes différentes, ressentir leur « vibe », et absorber toutes ces expériences. Je pense que ça t’aide à passer des caps. Et puis, j’ai aussi envie que les gens découvrent notre style de skate à nous.
Comment tu comparerais la vie des skateurs de Paris, Bordeaux, San Francisco et Osaka ?
Partout où tu vas, un skateur est un skateur. C’est la même chose. Tu ressens les mêmes choses avec les gens que tu rencontres, si tu skates et chille avec eux, non ?
Il existe beaucoup de différence, d’une scène à l’autre au Japon ?
Oui, il existe des différences. Mais, déjà, il y a plus de skateurs, de shops, de marques en Europe et aux Etats-Unis, comparé au Japon. Donc, c’est difficile de vivre seulement du skate. Seulement quelques-uns y parviennent, aujourd’hui. Dans leur ensemble, les gens ne comprennent pas le skate, ce n’est pas du tout populaire, ici. J’ai senti la différence à San Francisco. Quand je skatais dans la rue, des gens m’appelaient pour me dire que « le skate , c’est cool, montre-moi un trick ! Blahblah… » Beaucoup de gens sont intéressés par le skate, là-bas.
Un an après le tremblement de terre et le tsunami, tu as vu beaucoup de choses changer dans ton pays ?
Beaucoup de gens sont morts, et beaucoup ont tout perdu. Ce désastre est l’une des pires choses qui nous soient arrivées durant toute notre histoire. Mais, d’un autre côté, ça nous a unifié, en fait. Nous avons connu ce moment où les Japonais sont devenu Japonais, et ont travaillé ensemble, à s’entraider. Et je crois que l’on peut dire la même chose dans la scène skate, aussi…
Handed wallride nose slide
Si tu pouvais te rendre dans le pays de ton choix, là, pour skater, tu irais où ?
Le Chine s’urbanise beaucoup en ce moment. J’ai entendu que les spots étaient fous ! Mais, je veux surtout revenir en France. J’ai envie de skater avec les gars de Magenta !
Comment tu t’es retrouvé en contact avec eux, d’ailleurs ?
Quand Léo Vals, Masaka Ui, Yoan Taillandier et le photographe Guillaume Anselin sont venus au Japon, pour filmer pou Minuit. Je les ai rencontrés à ce moment. Quand ils étaient au Japon, on a skaté ensemble tous les jours, on se comprenait bien au niveau de nos styles de skate, et l’on est devenu bons amis. Après ça, nous sommes venus en France avec Tigthbooth pour filmer la Lenz 2, et c’est là que j’ai rencontré Vivien Feil et Soy Panday. C’était vraiment chouette de skater avec tout le monde en France. Il y aura une part France dans la Lenz 2, jetez-y un œil quand elle sortira !
C’était une surprise pour toi, qu’une marque européenne te veuille dans son team ?
Bien sûr ! Au début, je n’étais pas sûr que j’y trouverais ma place, mais tout le monde autour de moi m’a poussé. Je suis super content que Magenta comprenne mon style de skate, et m’ai ouvert les bras dans son team ! Faire partie d’un team pareil veut dire beaucoup pour moi, je suis un skateur comblé. Merci à Vivien et toute la bande !
Comment tu vois ton futur chez eux ?
Pousser Magenta au Japon. Je veux aider à développer les connexions entre l’Europe et le Japon. Et avoir une planche à mon nom, un jour !
Tu as une question pour les skateurs européens ?
Comment cela se fait que tous les skateurs européens aient un si bon style ? Quel est le secret ?
Koichiro skate pour Magenta skateboards, Paradise wheels, Etnies, The Shelter skateshop et Tightbooth Production.