Meeting… Richard Hart!

 Benjamin Deberdt
Richard Hart, portrait à la fenêtre. Ph.: Benjamin Deberdt
 
Richard hart - l'élusif. contributeur photo pour - entre autres - slap magazine à l'époque, ou encore sugar et ce, dès les premiers numéros il y a vingt ans, richard se trouve désormais être le capitaine de l'épopée papier push periodical et, qui plus est, européen à nouveau, puisque basé depuis peu à anvers après deux longues décennies passées à san francisco. une tranche de vie aux U.S. qui n'aura cependant pas suffi à effacer les fondations d'une éducation typiquement anglaise, rich mettant un point d'honneur à cultiver une certaine appréciation de la chose bien faite - un goût pour les bonnes manières débordant sur son propre travail, et affûtant son oeil, impitoyable vis-à-vis du moindre détail. entre deux spots crasseux et trois restos végétariens, nous avons profité de le croiser afin de lui extirper quelques bribes, au sujet du nouveau, neuvième numéro de push, mais également histoire de faire un point sur son parcours au cours de ces dernières années, en général.
 
Richard Hart : Pourquoi ne m'enverrais-tu pas une simple première question, à laquelle je répondrais et ensuite on laisserait l'échange se constituer, naturellement, au fil de la conversation ? Car là, je suis dispersé, j'essaie de faire trop de choses différentes, en même temps...
 
LIVE Skateboard Media : Tu as clairement l'air occupé - l'auto-production d'un magazine trimestriel, c'est déjà quelque chose d'ambitieux, surtout lorsqu'on est une seule et même personne à tout gérer. Et malgré tout, tu trouves le temps de sortir des publications en "one-off", indépendantes de Push, ainsi qu'une ligne de wear disponible sur ton e-shop et tout ça, en marge de ton activitié principale : l'accumulation de contenu (photo et texte) pour Push, au fil de tes voyages et autres missions à travers le monde.

RH: Ce dernier numéro en date de Push Periodical - le numéro neuf - est clairement le reflet de ces derniers mois, passés à voyager non-stop. Involontairement, ç'en serait presque devenu un "spécial voyages" - enfin, encore plus que d'habitude...
 
Au programme dudit numéro : un trip State à Madrid (à voir dans la vidéo State : ‘Liberados’), un voyage Northern Co. au Japon (relaté dans le montage ‘SF to Japan’), un article sur le festival de film de skate Vladimir en Croatie (représenté dans le film ‘Vladimir’); mais également des photos résultant de voyages divers à NYC, Marseille, ou encore Londres.
 
Christian Maalouf - b/s kickflip in Madrid as seen in PP9. Ph.: Richard Hart
Christian Maalouf - b/s kickflip à Madrid, tel que vu dans PP9. Ph.: Richard Hart
 
Comme d'habitude, quelques amis - talentueux - m'ont envoyé quelques contributions. Le produit final reste une édition limité, donc il est toujours question, pour ceux que ça intéresse vraiment, de demander aux (bons, vrais) skateshops de se procurer quelques copies. Et à côté, je sors également de nouveaux tees et de nouveaux stickers.
 
Et oui, j'espère aussi continuer à sortir de nouveaux zines et autres publications en one-off, au fil de mon inspiration, et des occasions. Donc, voilà.
 
LSM : Comment as-tu travaillé la couverture de ce nouveau numéro ?
 
RH : Concernant la partie en relief de la couverture, c'est en quelque sorte une référence aux Beatles.
 
Il y a ce collage sonore, sur l'"album blanc" des Beatles, avec la voix qui répète "number nine, number nine, number nine..." sans cesse, tu vois ? Je crois qu'à la base, c'était en lien avec le numéro de rue de la maison où habitait John Lennon petit, ou un truc comme ça... En tout cas, alors que j'essayais de trouver un concept visuel pour la couverture de ce Push "number nine", ce passage persistait à me rester en tête.
 

Push Periodical Issue Nine cover by Richard Hart
 
Donc j'ai eu l'idée de reprendre une idée de la couverture du "white album" : la partie en relief, pour le magazine. Ton sur ton ; et puis, ça transformait l'objet en quelque chose de plus tactile encore, aussi ; enfin, la photo fait écho avec les tirages 8x10 pouces qui accompagnait l'album, à l'origine...
 
Puis j'ai rajouté le rectangle magenta afin de donner un "punch" supplémentaire à l'image finale. Ca ne fait pas trop d'infos ?...
 
LSM : Ha, et donc, où en es-tu, là ? J'imagine que tu es en plein processus d'expédition des exemplaires du nouveau mag ?
 
RH : Ca représente tellement de colis ! C'est bien là l'inconvénient (unique) d'être le seul à gérer toute cette opération qu'est Push : recevoir les mags chez soi, monter tous les colis au troisième étage sans ascenseur, tout déballer puis réemballer au nom des destinataires individuels, et finalement se taper le chemin jusqu'à la poste avec toutes ces boîtes, en bus !
 
Et puis, une fois sur place, dépenser des centaines d'euros en frais d'expédition. J'en suis encore à assimiler comment gérer le truc financièrement, et à prendre mes marques, maintenant que je suis basé ici... Je commence à cerner la chose. Le fait de revenir en Europe m'a forcé à faire face à une réalité : celle que je devais passer le mag en gratuit.

"Je ne suis pas à fond de produire un max de magazines qui vont finir empilés sans but dans les shops, juste histoire d'impressionner les annonceurs, à grands renforts de chiffres"

Car vendre un magazine, ici, c'est vraiment difficile ; la plupart des shops ont du mal à vendre des exemplaires de Thrasher, c'est dire. Et puis, il y a tellement d'excellents mags gratuits : Solo, Grey, etc.
 
Donc, quand bien même j'ai - personnellement - du mal avec la façon qu'ont les gens, ces temps-ci, de prétendre au "tout gratuit" (un symptôme émanant d'Internet, je crois), ce passage au format gratuit m'a semblé être la seule façon de faire en sorte que Push soit ne serait-ce que vu... Ceci dit, je persiste à ne le produire qu'en édition limitée, dans l'espoir que les gens qui veulent vraiment s'en procurer une copie investiront au moins l'effort de le dénicher.
 
Je crois en l'objet matériel, physique. Mais je ne suis pas à fond de l'idée de produire un max de magazines qui vont finir empilés sans but dans les skateshops, juste histoire d'impressionner les annonceurs à grands renforts de chiffres, leur faisant miroiter une production astronomique...
 
Et puis je ne pourrais pas ramener davantage de paquets à la poste, de toute façon. A moins de trouver un stagiaire ?
 
 Richard Hart as seen in PP9
James Sayres - ollie à Osaka tel que vu dans PP9. Ph.: Richard Hart
 
LSM : J'imagine que c'est un paradoxe moderne inhérent à la notion d'objet ; historiquement, l'objet est destiné à subsister, à demeurer dans le temps - ou, en tout cas, à mieux subir son épreuve que les données digitales - mais en parallèle, les gens s'habituent au "tout pratique", à un point tel que la matérialité en deviendrait presque encombrante. On en vient à oublier le sens premier de l'objet physique, et à ne plus vraiment savoir pourquoi il existe, là, à prendre de la place ; une perte de signification qui impacte forcément le souvenir qu'on a de l'importance de sa circulation, à des fins de communication.
 
RH : Rien ne "subsistera" vraiment à l'épreuve du temps, au final. Non pas que cela importe, mais je crois que de grandir en collectionnant (inintentionnellement) les numéros successifs de RAD Magazine, ainsi que (intentionnellement) les vinyles, m'a pourvu d'une certaine faculté d'appréciation des objets et du travail bien fait(s). Alors que de nos jours, les gens ne pensent plus réellement en termes d'objets, de produits ou de travaux aboutis, finalisés. C'est juste différent. Peut-être plus décousu.
 
Pendant des années, j'ai fréquenté l'autre extrême du spectre du fétichisme de l'objet, à travailler dans un magasin de disques ; une obsession qui peut rapidement basculer dans le malsain (tout en demeurant, certes, une addiction relativement inoffensive).

"Ce qui ne me plaît pas, je n'y prête pas attention"

Mais du coup, je ne ressens aucune satisfaction - aucun sentiment de propriété - envers quoique ce soit d'immatériel.
 
Alors qu'un objet cohérent - qu'il s'agisse d'un magazine, d'un disque ou de quoique ce soit d'autre - pèse un poids concret, celui d'une substance que n'aura jamais une succession d'images disjointes sur Instagram, ou YouTube ; celles-là sont sans aucune ancre véritable, elles sont éphémères.
 
Ou en tout cas, c'est ce qu'elles me semblent être, mais je suis de la vielle école et probablement un peu à côté de la plaque.
 
 Aymeric Nocus
Richard à Bordeaux, 2014. Ph.: Aymeric Nocus
 
A vrai dire, je viens juste de recevoir un e-mail de Josh Stewart à propos de la vidéo du Partial World Tour II (correspondant à l'article de tournée paru dans le Push Periodical numéro 8) - lui et moi nous accordons à dire que c'est le meilleur montage que Zach [Chamberlin] a jamais sorti - mais, comme Josh le dit lui-même : ‘il a tout tué, avec ce montage, à un point tel que c'est vraiment nul qu'il se retrouve perdu dans ce flux permanent de clips Internet, car sa vidéo mériterait vraiment de rester en vue, et en vie, plus longtemps’.
 
LSM : Petit aparté concernant Push numéro 8, puisqu'on en parle - ces spots de Lisbonne sont tous pratiquement impossibles à skater. Savais-tu dans quoi tu t'engageais, à organiser un trip là-bas ?
 
RH : Hum… plus ou moins ; quelques personnes m'avaient prévenu, au sujet des trottoirs en mosaïque. Anvers est blindé de spots super rudes aussi, voire plein de "faux spots" à base de ledges en marbre parfaits, mais à même les pavés. Mais oui, ce que Bobby Worrest et Ryan Barlow sont parvenus à faire, sur ces têtons en pierre à Lisbonne, c'est assez incroyable.
 
On est tombés sur des spots plus lisses, aussi, mais franchement, on en aurait pas trouvé la plupart sans notre guide Pedro, de Surge Skate Mag, et ses comparses Telmo et Addiction. Ils sont génaux, excepté leur tendance à nous faire écouter cet horrible morceau tout le temps ; morceau que Zach a ensuite utilisé dans le montage de la vidéo, comme afin de bien s'assurer qu'il me reste en crâne pour ce qui me paraît être l'éternité, à chaque fois.
 
Bobby Worrest, switch b/s nosebluntslide in Lisbon as seen in PP9. Ph.: Richard Hart
Bobby Worrest, switch b/s nosebluntslide à Lisbonne tel que vu dans PP8. Ph.: Richard Hart
 
LSM : Ca n'est pas la première fois que quelqu'un mentionne Pedro dans son interview sur Live ; ça a l'air d'être un local super passionné, et super altruiste, visiblement.

Du coup, PP8 a marqué le deuxième anniversaire de Push. A l'époque où tu travaillais sur le premier numéro, pensais-tu durer aussi longtemps ? T'attendais-tu seulement à l'accueil que Push a reçu (il me semble que PP1 a été imprimé en deux fois moins d'exemplaires que les numéros suivants) ? Pensais-tu que tu en arriverais à organiser des tournées telles que les Partial World Tour, par exemple ?

De plus, tu t'es avéré hyperactif depuis que tu as recommencé à shooter du skate, j'imagine que c'est un effet secondaire de l'effervescence des Ben [Gore] et autres Zach [Chamberlin] que tu cotoies à SF ? D'ailleurs, il y a dix ans de cela, pensais-tu encore shooter du skate en 2018 ?
 
RH : Non. Je me souviens qu'à l'époque, je voyais tous ces photographes - gros, vieillissants, et "toujours habillés comme des ados", me faisait remarquer Alex Klein - se bousculer sur les contests pour glaner le droit de s'installer sous le handrail, et ça m'avait l'air tellement déprimant. A vrai dire, ça l'est sûrement, toujours.
 
Je n'ai pas shooté une seule fois du skate pendant cinq ans, à part une fois : une photo de Pontus, alors que je me trouvais être en visite à Malmö. Mais ça m'a toujours manqué et, effectivement, c'est de fréquenter Ben et Zach qui m'a motivé à m'y remettre.
 
Je suis toujours passionné de "vrai" street créatif, et j'espère que je le documente correctement ; quoiqu'il en soit, ça me rend heureux que de continuer à le faire, pour encore un temps.
 
Et effectivement, j'ai été plus productif, ce coup-ci. J'imagine que c'est parce que j'apprécie la chose davantage, et aussi parce que le vécu m'a recentré sur le style de skate que j'aime vraiment, et la manière dont je souhaiterais le capturer. Sans concession, pour quique ce soit d'autre.
 
Mais on s'en fout un peu, non ? Ca n'est que ça, le skate. Chacun devrait y jouer son propre rôle, de la manière dont il le décide. C'était bien ça, le but, à l'origine, non ? Ce qui ne me plaît pas, je n'y prête juste pas attention.

"Une (première) couverture, c'est quelque chose [...] je ne voulais pas d'une photo de skate, mais plutôt quelque chose d'intriguant"

En ce qui concerne la longévité de Push : non, je ne me suis pas projeté au-delà du premier numéro, pour commencer - mais c'est vrai que je savais que j'avais suffisamment de contenu à disposition pour un second numéro car je venais alors juste de rentrer d'un trip en Asie avec le crew de GX1000, ainsi que du séjour le plus productif que j'aie jamais connu, à NYC. La moitié des photos de NYC ont échoué dans un zine qui accompagnait ma guest board chez Krooked à l'époque, et l'autre moitié a fini dans un PP2.
 
La photo de couverture de PP1 provenait du trip avec GX1000. Une (première) couverture, c'est quand même quelque chose, et je voulais avoir confiance en la longévité de la personne qui y figurerait ; de plus, je ne voulais pas d'une photo de skate, mais plutôt quelque chose d'un peu plus intriguant. Cette photo de Jake [Johnson] tombait donc à point nommé. C'est drôle - je l'ai rescannée il y a peu, pour en faire un tee-shirt, et je me suis souvenu l'avoir prise immédiatement après avoir shooté Stevie [Perez] sur un rail à quadruple voire quintuple kink, moment qui constituerait exactement ce qu'on rechercherait habituellement pour une couverture de mag de skate traditionnelle.
 
LSM : Au sujet des couvertures, justement : avec Push, on dirait vraiment que tu essaies de restaurer leur rôle en tant qu'objet physique, face visible du magazine qu'elles représentent, plutôt que de les utiliser comme un bête présentoir de plus pour je-ne-sais-quelle cascade commerciale. Quel but cherches-tu à atteindre, à chaque fois ?
 
RH : Et bien...

"Les couleurs du logo sont un hommage à RAD Magazine"

PP2 avait deux photos en couverture (bien que beaucoup aient loupé ce détail). Un diptyque de Brad Cromer, à NYC. Un skateur incroyable à observer en vrai.
 
PP3 : juste au moment du bouclage, j'ai shooté cette photo qui n'était pas du tout prévue, vraiment spontanément, et quand j'ai pu voir ce qu'il en était du résultat, j'ai tout de suite su que je n'avais pas le choix et qu'il fallait qu'elle finisse en couverture. A la base, j'essayais seulement de shooter Ryan Barlow en ollie par-dessus Matt [Field] ; Zach s'est pointé allongé sur son skate, j'ai d'abord cru qu'il m'avait gâché la photo, donc j'ai fait refaire son ollie à Ryan (!), mais finalement, après développement du film, je me suis rendu compte que la première version était bien plus épique, évidemment... J'adore cette photo et tous les mecs dessus : de chouettes types qui s'amusent bien. On voit même la même la main de Jesse Narvaez, sur le bord, si tu regardes de près. 

Pour PP4, la photo était juste belle et propre : bonne lumière, bonne forme sur le trick. Les couleurs du logo sont un hommage à RAD Magazine.
 

Les couvertures de chaque Push (jusqu'à présent)
 
La photo de PP5 peut sembler etre un "fake", mais ça n'est pas le cas du tout. L'un des membres du crew Rios à Budapest a cassé sa board (toute neuve) sur un wallie, et voilà le résultat, grâce à un placement parfait du sticker. Je ne shoote pratiquement plus qu'en noir et blanc, mais j'ai toujours un film couleur sur moi, juste au cas où ; et j'ai tout de suite perçu que cette situation ferait une parfaite photo de couv'. C'est également un hommage à une couverture qui, à mes yeux, est la meilleure couv' de magazine de skate de tous les temps : la couverture de Slap d'août 1996, avec les trous des trucks.
 
PP6 : du Zach Lyons, du fisheye, du gribouillage, du rose, du gros chiffre en taille de type "rien à foutre". OK.
 
PP7 : j'ai demandé à mon ami Mat O’Brien s'il serait chaud de produire un artwork quelconque pour une couverture, tout en lui envoyant certaines des photos à paraître dans le prochain numéro au cas où il souhaiterait travailler à partir de l'une d'entre elles. Je n'avais aucune idée de ce qu'il en ferait, et je ne lui ai donné aucune instruction. Finalement, il m'a envoyé le résultat au moment du bouclage - mais je savais qu'il y arriverait. J'adore le résultat ; cheers, Mat.

"J'accorde tous les droits à Soy - un peu comme quand Ricky Oyola a accordé à Mike Carroll le droit de pousser mongo en switch"

PP8 : j'ai essayé quelque chose de différent, ce coup-ci. J'aime bien le jaune, et [Kevin] Coakley méritait la couverture, car il s'était donné à fond lors de ce trip. Tout le monde s'était donné à fond, en fait, mais je savais d'ores et déjà que Kevin aurait également une forte présence dans la vidéo. Le trick n'est pas le truc le plus chaud qu'il a fait, mais ça, je m'en fiche.
 
PP9 : le trick parle de lui-même. La photo était plutôt spontanée : on skatait tous ensemble, au coeur de downtown NYC et lorsqu'on est finalement tombé sur ce spot, Yonnie [Cruz] nous a fait remarquer qu'il y était déjà venu deux fois, pour essayer ce trick. Cette fois-ci, c'est rentré - tellement parfaitement que ça l'a surpris lui-même, d'ailleurs. Ceci dit, le type qui prétendait que le bâtiment lui appartenait était un peu moins enjoué... J'ai gardé le contour de la bande du négatif afin de rappeler aux gens que dans Push, je ne passe que des photos shootées à la pellicule, car je reçois en permanence des mails de gens souhaitant contribuer au mag avec des photos numériques, sans avoir ne serait-ce que vu le magazine avant, ni même être au courant de ce simple critère, bref... C'était également ma sponsor-me Kodak (j'espère, en tout cas, vu la mention sur la bande...).
 
LSM : Cette anecdote représente bien la situation selon laquelle on serait comme coincé à une période où c'est un "nombre de vues" arbitraire qui caractérise ce qui est "important" désormais ; comme un avènement de la culture de masse, à un point tel qu'on en arrive à oublier l'idée même de qualité fondamentale. D'ailleurs, est-ce pour cela que tu insistes tant sur le fait de n'avoir que des photos à la pelloche dans Push (à part les pubs Magenta avec Soy) ?
 
RH : Personnellement, je ne shoote qu'à la pelloche et je trouve que c'est sensé que d'avoir de la pelloche (c'est à dire, un medium tangible, physique) dans un magazine tangible et physique, c'est tout. J'accorde tous les droits à Soy, ceci dit - un peu comme quand Ricky Oyola a concédé à Mike Carroll le droit de pousser mongo en switch.

LSM : On va finir sur quelque chose de léger : quel est ta photo préférée, dans ce nouveau PP9 ?

RH : Ah non, pas la question des photos préférées !
 
Je ne sais pas, disons celle de l'ouvrier de chantier travaillant sur le mur avec tous les tuyaux, illustrant l'article au Japon. J'aurais au moins ramené ce cliché de cette petite balade dans Osaka. La photo me fait penser au film "Brazil" : c'était peut-être le fantôme de Bob Hoskins.
 
Vraiment, je pourrais user de ta patience avec des tonnes d'anecdotes au sujet d'au moins la moitié des photos, puisque la photo de skate vient généralement avec son lot d'histoires croustillantes. Mais on va éviter. Je dirais juste que j'étais super content de la photo de Soy, et que la photo de Ben était un cadeau du ciel : lumière parfaite, à un point tel qu'en arrivant sur le spot, Ben et moi nous sommes tout simplement regardés. Il fait aussi de la photo, donc avant même que j'eusse pu dire quoique ce soit, il savait qu'il allait devoir faire ce ollie.
 
La lumière sur le street gap de [Christian] Maalouf est parfaite aussi, mais pour cette photo-là, c'est parce qu'on était déjà passés sur le spot (pour manger) et que j'avais relevé l'heure à laquelle la lumière serait la meilleure pour aller shooter. Ca a d'ailleurs bien fait rire Christian.
 
Ca m'a également soulagé que la photo du smith grind de Toby [Tobin Valverde], et celle que j'ai finalement utilisé pour la couv', s'avèrent réussies. Dans les deux cas, il s'agissait de tricks engagés et, dans un tel cas, je ressens comme une certaine obligation de les documenter comme il se doit.
 
Du coup, je ne sais pas - toutes ces photos représentent de bons souvenirs pour moi. En quelque sorte, ce sont mes photos de vacances !
 
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