Meeting… Vincent Coupeau!

Photos: Thibault Le Nours (sauf indiqué)
Interview: Benjamin Deberdt

"[…] Tous les Anglais qui skatent pour la marque sont super respectueux, parfois même timides, derrières des dizaines de tatouages bien trash!"

 Thibaut Lenours

Lorsque vous lirez ces lignes, Vincent sera sur la route, en mode camping presque sauvage avec ses potes de Chelles, entre la Suisse et l’Italie… Pas à plaindre, donc!
Vous l’aurez peut-être croisé derrière le comptoir de Cosa Nostra, le park de sa banlieue parisienne, plaque tournante du skate parisien chaque hiver depuis bien longtemps. Mais, vous aurez de grandes chances de le voir dans quelque endroit plutôt en béton, et plutôt ardu au grind, avec un appareil photo à porté de main, mais toujours sur sa board… Le jeune a plus d’une corde à son arc, et c’est surtout un bon gars, comme on dit chez moi.

Qu’est-ce qui est venu en premier, le skate ou la photo?
Le skate, il y a presque 14 ans! Ça commence à faire pas mal.

Racontes-nous un peu comment tu as découvert les deux…
Je ne sais pas trop comment le skate m’est venu. J’ai dû voir ça quelque part et je me suis dit : “il faut que j’essaie”. Alors, avec mon frangin, on s’est fait offrir des boards à Noël, un peu comme tous les kids, et l’on a commencé devant chez nous. Lui a très vite arrêté. Moi, j’ai rencontré un chouette gars au park du coin, à Bondy, et il m’a motivé à continuer. J’y allais tous les jours et l’on faisait le tour des spots. Je skate toujours avec lui de temps en temps…
Comme je lisais pas mal de magazines, j’ai commencé à m’intéresser aux photos et, rapidement, je me suis mis en tête de faire pareil. C’était un peu comme un objectif à atteindre. Je me souviens que je collectionnais les posters dans les mags et les accrochais sur les murs de ma chambre. J’adorais particulièrement le travail d’Éric Antoine, en noir et blanc. Du coup, j’ai fini par lui envoyer un mail pour avoir des conseils, et il m’a appris pas mal de choses. Je lui dois une fière chandelle!

On peut dire que tu as été élevé par Cosa Nostra aussi?
Oui, le Cosa a toujours été ma deuxième maison. Je suis un enfant du skatepark! L’été, j’y étais plus souvent que chez moi! C’était à 12 Km et parfois j’y allais même en vélo : j’arrivais fatigué mais je skatais quand même toute la journée. Je pense que, comme pour pas mal de gens, c’est en écoutant Mathias Thomer que je me suis forgé une personnalité. Ce mec, c’est l'école de la vie! Il te remet dans le droit chemin dès que tu divagues. Une sacrée source d'inspiration. Ensuite, j’ai eu pas mal d'affinité avec Matthieu Forafo, qui est arrivé un peu plus tard, et qui de la même manière m’a motivé à skater encore plus, et m’a appris pas mal de choses. Aujourd'hui encore, c’est avec eux que j’évolue le plus. Olivier Stepniewski, le troisième collègue, m’apprend à construire les modules, à faire des plans, à boire du rhum arrangé…

Décris un peu la vie dans ta banlieue, et le skate, comparé à ce que tu vois à Paris?
En banlieue comme au coeur de Paris, il y a des gens motivés, c’est juste complètement différent. Je n’aime pas du tout la vie parisienne. Les gens sont carrément sous pression. Je suis un grand stressé, et plutôt timide, donc toute cette agitation, le monde sur les trottoirs, les métros bondés, je supporte difficilement. Aussi, je vais généraliser et les gens vont encore gueuler, mais à Paris il y a trop de fêtes interminables tous les soirs, toute l’année, et du coup, tout le monde se lève super tard. Les sessions commencent à 16h00 en plein été, c’est dommage. Ce n’est pas toujours vrai, je le sais, mais c’est mon expérience… À Chelles, on a l’avantage d’être une bande de copains qui habitent proches les uns des autres. Du coup, on se lève, on prend le café, on monte en voiture et l’on va sur les spots : c’est une supère bonne ambiance, même si on est beaucoup moins médiatisés qu’à Paris. Au final, on a des spots parfois bien mieux, mais personne n’est au courant ou bien tout le monde trouve ça trop loin. Quelque part, c’est tant mieux! [rires]

 Thibaut Lenours

Backside smithgrind.

Tu fais partie de la "génération "numérique". Qu'est-ce qui te donne envie de shooter encore de la pellicule, vu le prix que cela coûte?
Ce qui m’a plu en premier dans la photo, c’est le noir et blanc. C’est ce que j’ai toujours voulu faire, et j'ai appris à me rendre compte qu’un film, même numérisé, ça n’a pas du tout le même rendu qu’un noir et blanc Photoshop. Du coup, je me suis entêté à faire ça, à y mettre le prix, à développer mes films, faire mes propres tirages dans ma salle de bain ou ma chambre. J’ai fait deux ans d’études techniques de la photographie après mon Bac, et ça m’a conforté là-dedans. Le numérique, c’est un outil vraiment pratique, mais ce n’est pas super agréable au final. C’est un peu trop précipité, moi j'aime bien avoir le temps…

Tu ne te contentes pas de faire des photos de tricks, mais tu documentes beaucoup les gens autour de toi. Ça te vient d’où?
Le principe de la photo, c’est de conserver des moments, des souvenirs. J’ai toujours eu peur d’oublier certains moments, alors en les prenant en photo, je me dis que je garde une trace. J'aime bien me faire discret, et capturer des instants sans que quiconque se rende compte de quoi que ce soit. Je n’ai jamais été doué pour arranger les choses, je préfère prendre les choses comme elles sont, brutes et simples.
Niveau skate, tu es plutôt "courbes pas faciles". Tu as découvert ça comment?
Je suis pas un skateur très technique, je ne  sais pas faire de combos, je ne fais jamais vraiment de flips, ni de ledge ou de trucs comme ça. Pour autant, ça fait quatorze ans que je roule, donc je commence à avoir un peu d’équilibre et d’aisance. Du coup, je peux faire mes tricks basiques un peu partout. Enfin, j’essaie. C’est un challenge, aussi.

Tu rides pour Witchcraft, décris French et sa bande, à ceux qui ne connaîtraient pas.
Quand les gens m’en parlent, ils s’imaginent forcément qu’avec l'image bien dark que ça véhicule, ces gars-là doivent être complètement barrés. Ce sont, en fait, les personnes les plus adorables que j’ai dû rencontrer dans le skate. French est un grand déconneur, toujours là pour plaisanter… Et tous les Anglais qui skatent pour la marque sont super respectueux, parfois même timides, derrières des dizaines de tatouages bien trash! C’est rigolo. Ils sont aussi super motivés pour skater, sans forcément faire de la performance, même s'ils sont tous doués! Ça m’arrange, je ne me prends pas la tête à faire du skate compliqué, je me fais plaisir… Et je bois du thé, aussi! [rires]

Une bonne anecdote sur ce trip à Las Palmas?
Quand on est arrivé, Olivier Arroyo, qui nous hébergeait gentiment, nous a expliqué que les locaux n'étaient pas toujours très sympas avec les étrangers, et surtout les skateurs, à cause du bruit, notamment, mais qu’avec un sourire, on pouvait plus ou moins obtenir ce que l’on voulait. Et ça s’est vérifié à plusieurs reprises. Sur une si petite île baignée de soleil à longueur d’année, forcément les rapports humains sont bien moins compliqués. Les gens ont le moral. Du coup, nous autres Parigos habitués à passer notre temps à se plaindre de tout et rien, on s’est offert quinze jours de sourire!

 Paul Grund

Ollie. photo: Paul Grund

Tu connaissais déjà? Tu bourlingues pas mal. Ton trip favori, pour l’instant?
Je ne connaissais absolument pas. D’ailleurs, j’étais persuadé que c’était vers Ibiza ou dans les parages au large de l’Espagne. Du coup, dans l'avion, alors que ça faisait deux heures que l’on avait dépassé Barcelone, j’ai ouvert une carte et je me suis rendu compte que c’était en fait au large de l’Afrique! [rires]
Grâce à Converse, j’ai pas mal voyagé cette année, oui! Bon, j’ai perdu ma copine à cause de ça, je crois, mais je suis jeune, alors je profite à fond. Je pense que Las Palmas a vraiment été mon meilleur trip. Cette île vaut vraiment le coup, tout est magnifique, et les locaux sont adorables.

Tes projets pour août?J’ai loué un van avec mes potes chellois : on part faire le tour de la Suisse et d’un bout d’Italie. Je suis content d’emmener mon désormais colocataire Dimitri Kostoff, et son pote Carl Sansac, dont on risque de beaucoup parler prochainement. Ça promet!

Retour à Las Palmas, avec Vincent et les collègues de Converse:

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