Meeting… Vincent Touzery!
Photos: Vincent Coupeau
Interview: Benjamin Deberdt
"Je n’ai pas le billet, je n’ai pas les sous, mais je vais trouver un moyen!"
Vincent était un Bloby’s parmi d’autres : fou de skate, et toujours collé à sa bande de potes, à errer d’un spot à l’autre de la capitale et de ses banlieues… Plutôt doué, et jamais trop stressé. Bref, un petit gars facile à vivre!
Puis, les choses ont très vite changées. En un (long) voyage… Déjà repéré par Converse, depuis son retour de San Francisco, il a pris de l’assurance dans son skate, et a passé la vitesse supérieure. Sans doute les effets secondaires des descentes de là-bas. Bref, Vincent est depuis quelque temps le nom qui revient dans toutes les conversations, et fait son petit effet sur tous ceux qui le croisent au détour d’une rue. Au point que Pontus Alv l’a récemment intégré à la branche française de son mouvement armé, Polar… Ce qui doit tout de même vouloir dire quelque chose!
Mais, rassurez-vous, du haut de ses 19 ans, Vincent est toujours, et avant tout, un Bloby’s, et un mec bien, comme le confirme ce qui suit…
C’est ta première interview, non?
Apparemment, oui ! Je n’ai jamais fait ça, avant… C’est cool, ça doit être marrant ! Suffit de répondre à des questions…
D’ailleurs, est-ce que tu as une question que tu n’as vraiment pas envie que l’on te pose?
Si je travaille, ou si je vais à l’école… [Rires]
Alors?
Non, pas trop… J’ai évité ce genre d’activité depuis deux ans. Au final, c’est mieux, je suis avec les Bloby’s tous les jours. On voyage tout le temps, grâce à Luidgi [Le team-manager Converse, NDL], c’est parfait!
Le prochain voyage, c’est pour bientôt, d’ailleurs?
Oui, New York ! On est moins que d’habitude, cette fois : Karl Salah, Kevin Rodriguez, Paul Grund, Roman Gonzalez, Rémy Taveira, Vincent Coupeau et Luidgi. La dernière fois, on était seulement allé à NYC un week-end, durant nos trois semaines à Philadelphie. Ça avait limite été nos meilleures journées, donc ça va être bien!
Toi, tu connais plutôt San Francisco, non?
Oui, j’y ai un passé un an. J’étais parti à la base pour étudier, et ça s’est passé différemment… [Rires] Je suis allé en cours quatre, cinq mois, et quand je me suis fait des potes, c’est devenu difficile d’aller en cours alors que je pouvais aller skater avec eux. Comme je n’avais qu’un an, j’ai voulu en profiter à fond. Ça valait le coup!
Tu avais quel âge?
Dix-sept, quand je suis parti… J’ai eu mes dix-huit ans, là-bas, et je suis revenu depuis un an, maintenant. Le fait d’être parti, et revenu, ça me permet de plus apprécier Paris, en fait.
Backside tailslide. Philadelphie.
Quelles différences tu vois, entre les deux villes?
Les gens sont beaucoup plus ouverts, là-bas. C’est vraiment plus facile de rencontrer des gens : tout le monde dit bonjour, te parle. Au début, ce n’est pas facile : comme ça n’arrive jamais ici, tu ne sais pas quoi faire. Et, au final, les gens sont trop gentils, donc c’est cool. Sinon, niveau skate, les downhills sont assez présents! Au début, je me suis fait deux trois marques, mais, à la fin, ça allait ! [Rires] J’étais avec Zach Chamberlin, qui filmait pour Rasa Libre, à l’époque, et lui m’a vraiment fait apprécier mon année là-bas. Je connaissais Evan Kinori de lorsqu’il habitait à Paris, et il m’a présenté Zach, qui m’a plus ou moins montré toute la ville, une fois sur place. Je suis censé le rejoindre à Panama, dans un mois, avec d’autres potes de S.F, en espérant que ça se fasse ! Je n’ai pas le billet, je n’ai pas les sous, mais je vais trouver un moyen ! [Rires] C’est le genre de pays où tu ne t’attends pas à mettre les pieds, alors ça vaut le coup!
Tu as déjà beaucoup voyagé, en fait?
Ouais, ça commence à faire pas mal ! L’Europe, beaucoup… Je ne suis jamais allé en Amérique du Sud, donc ce serait l’occasion… Je suis allé en Afrique quand j’étais petit, je crois…
Tu crois? [Rires]
Si, en fait, oui, à Dakar, mais je ne m’en souviens pas trop, j’étais vraiment petit. J’avais huit, ou neuf ans. Mon oncle était pécheur là-bas, mais, depuis, son bateau a pris feu, donc on ne peut plus trop y retourner… J’aimerais bien aller en Asie, aussi, ça a vraiment l’air d’être une autre culture, donc ce serait cool de voir ça.
Quand tu parlais de “pas de travail, pas d’école”, ça ne te manque pas un peu ? On en parlait justement avec Aaron Herrington, et lui préférait avoir un boulot, pour profiter à fond du skate quand il en fait…
C’est sûr que ça doit être mieux, mais je n’ai pas le Bac, aucun diplôme, et comme avec Converse, on part tous les deux mois, je me vois mal trouver un travail pour leur annoncer un mois après que je pars, puis que je reviens… Mais, bon, il va bien falloir que j’y songe. J’habite chez mes parents, donc c’est cool. Ils ont séparé l’appartement en deux, ça leur permet de louer mon côté quand je suis parti, et de faire un peu d’argent. Et puis, je suis tout le temps chez Roman [Gonzalez, NDLR], parce que je suis de l’autre côté de Paris, en face du bowl de La Muette, dans le 16ème. Les derniers immeubles avant le périph’… J’ai toujours détesté, mais maintenant quand j’y retourne, j’aime bien.
Comment tu as rencontré les Bloby’s, alors, parce qu’ils sont tous plus de moins de l’autre côté de la ville, vers Nation?
Je n’ai jamais eu aucun pote dans mon quartier, et c’est pour ça aussi que j’ai arrêté l’école. Voir des gibiers toute la journée, je devenais fou ! Le premier, ça a dû être Kevin… Les deux potes avec qui j’avais commencé le skate avaient rencontré Kevin à Porte Maillot, qui n’est pas loin de chez moi, et ils avaient pris contact. On s’est croisés plus tard, et c’était parti.
Bon, tout le monde attend la prochaine vidéo Bloby’s!
[Rires] Ah, ça, sujet compliqué ! Hadrien [Buhannic, NDLR] est grave motivé, mais il travaille beaucoup. Donc, il a plus envie de juste cruiser sans son sac vidéo, quand il est libre. Mais, on va y arriver ! Il a fait un remix de la dernière vidéo, qui va bientôt sortir!
Backside heel flip. Las Palmas, Espagne.
Et tu penses tenir combien de temps, sans bosser, dans une ville comme Paris ?
Je ne vais pas non plus attendre trente ans… J’ai juste dix-neuf ans, donc je me dis que d’ici un an ou deux, je vais m’y mettre, au travail. J’avais posé pour des photos, quand j’étais petit, et ma mère a bien fait, à l’époque, parce que j’ai eu un peu d’argent de côté avec ça, à mes dix-huit ans. Mais là, j’en ai plus trop!
Et Polar, alors, ça s’est fait comment?
Je ne m’y attendais pas du tout. Je venais de parler avec Nico Rouquette et Guillaume Martinez de recevoir des boards Trauma, et j’étais chaud. Avec Oscar [Candon], Alex [Richard], j’étais à fond ! Puis Pontus est venu à Paris avec Jerome Campbell et Harry Lintell pour filmer une pub Converse. On a skaté toute la semaine, et au final, on était dans un bar, le dernier soir, et de nulle part, Pontus m’a proposé de skater des boards Polar. J’étais un peu bourré, j’ai pété un câble ! Je skate avec Kevin tous les jours, donc… Et dès que je pars en trip, c’est avec Paul, donc au final, ça ne pouvait pas être plus motivant. Et puis, il a pris Roman avec moi, et c’est mon meilleur pote, donc je ne pouvais pas rêver mieux!
Vous allez créer une skate house Polar à Paris?
J’aimerais bien, mais Kevin est avec sa copine, donc ça va être compliqué de l’intégrer dedans… Mais, remarque, on est toujours les uns chez les autres, donc au final, c’est un peu la même chose.
Puisqu’on est sur le sujet de Paris, comment tu vois la scène locale, en ce moment?
Je crois que ça n’a jamais été aussi bien ! Avec le lancement de Parisii, ça a aidé tout le monde à se mettre un coup de motivation. On se retrouve à quinze à aller cruiser dans un quartier, avec Fanchon et Dezecot qui sont à fond, donc c’est motivant ! Au final, on croise des gens qu’on a pas l’habitude de voir et l’on se motive à skater des spots qu’on n’imaginait pas skater, donc c’est chanmé ! Y a toujours des gens qui critiquent, mais, au final, on ne les voit pas dedans, ni ailleurs non plus, donc ça ne sert à rien de parler pour dire ce genre de trucs…
Et pour finir, quelle est la question que tu aurais aimé que je te pose ?
Hmm… [Rires] Ben, cette question-là ! C’est la plus compliqué ! Aucune idée… [Rires]
Et voici la preuve en images que Vincent est du genre à s’adapter rapidement, comme démontre cette part célébrant son arrivée chez Converse :