PREMIERE / "Trois Trois Trois" / Arthur Du Sordet / INTERVIEW

Arthur Du Sordet, aka. Arthur Dus, nous avait déjà résumé son activité en tant que filmeur de skate basé à Nyon en Suisse à l'occasion de sa réalisation précédente ; pour ceux qui peinent à suivre, il est l'opérateur caméra et montage officiel du collectif du coin, le Cranscityclub, dont la nouvelle vidéo complète "TROIS TROIS TROIS" vient de sortir ; et, si quelques-uns des segments la composant ont déjà été diffusés sur la chaîne YouTube du groupuscule (on vous l'annonçait déjà ici), c'est ni plus ni moins dans son intégralité qu'aujourd'hui, LIVE vous présente cette petite claque audiovisuelle enracinée dans l'indépendance skateboardistique et l'authenticité d'une scène locale surmotivée. En complément, et histoire de retracer plus exactement qui est qui et qui a fait quoi avant la session qui suivra très probablement votre visionnage, une fois n'est pas coutume, nous sommes allés chercher Arthur ; le compte-rendu de l'interrogatoire, ainsi qu'un paquet de photos signées Albert Lopes, c'est ci-dessous !

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LIVE Skateboard Media : Yo Arthur ! Chouette claque que cette vidéo Cranscityclub "TROIS TROIS TROIS" : pluie de spots et de tricks fous, montage inspiré et efficace, forcément, ça fait se poser des questions et ce, malgré le fait d’avoir déjà échangé avec toi par le passé. Pour commencer, saurais-tu te (re-)présenter, clairement ? D’où viens-tu exactement, dans quelles conditions as-tu commencé le skate et la vidéo et qu’est-ce que le Cranscityclub ? Vous êtes basés à Nyon, précisément, c’est ça ?

Arthur Du Sordet : Yo LIVE ! Merci, ça fait plaisir. Cranscityclub, c'est un collectif de la région de Nyon, petite ville suisse. A peu près tout le crew vient du secteur, et c’est encore aujourd’hui là qu’on officie.

Pour ce qui est de l’histoire plus perso, moi j’ai commencé le skate assez tard, vers quinze ans. De façon un peu cliché : j’ai trouvé les vieilles boards de mon père dans la cave et j’ai commencé à faire la descente devant chez moi avec un genre de cruiser complètement plat qu’il avait découpé lui-même. Au même moment, mes potes et mon frère commençaient aussi à skater, du coup j’ai croché. Depuis le début, je filme un peu, mais j’ai commencé à le faire plus sérieusement quand je me suis explosé le genou il y a un an et demi.


Arthur Du Sordet. Ph.: Albert Lopes

LSM : Peux-tu nous présenter exactement Nyon, la ville et sa scène ? La vidéo est un déluge de spots complètement claqués, c’est inhabituel pour une production en provenance d’une ville de vingt mille habitants, quel pourcentage de "TROIS TROIS TROIS" a été filmé ailleurs et où êtes-vous allés finalement ? Vous êtes partis en trip spécialement pour filmer, ou tu as juste documenté vos vacances ?

ADS : Nyon est une petite ville cachée entre Lausanne et Genève, au bord du lac. La ville est relativement petite mais elle est remplie de spots, des trucs vraiment bien et d’autres un peu claqués c’est vrai... Mais en soi, pour une ville de cette taille, on s’en sort vraiment très bien.

"Montrer que c’est cool
d’être dehors avec tes potes
[...] et de rendre ta ville
vivante"

Malgré ça, au bout d’un moment, t’as envie de voir autre chose. Du coup, on bouge un peu partout en Suisse. A Lausanne, Bienne, Neuchâtel, Berne, Fribourg, Genève et surtout Zürich. C’est toujours cool de voir d’autres villes, skater des spots différents et confronter les skateurs à des spots auxquels ils ne vont pas forcément revenir.

 Albert Lopes
Loïc Beirnaert, ollie. Ph.: Albert Lopes

LSM : Combien de temps la réalisation de "TROIS TROIS TROIS" a-t-elle pris, tout compte fait ? De base, savais-tu que tu te lançais dans un projet full-length, ou s’agit-il davantage d’un corpus de clips constitué avec le temps, quelle a été l’approche générale, à quel point tout le monde a-t-il pris le projet au sérieux et comment définirais-tu ton expérience de travail dessus, au final ?

ADS : Au printemps 2020, on pouvait sortir, ici, mais que par groupe de cinq. On a commencé à ce moment-là, avec des petites missions à cinq. A ce moment-là, tout était en suspens, on avait tous du temps et du coup tout le monde était chaud à se lancer dans un projet de vidéo complète. Tout du long, on a gardé la motive. Ca a créé une bonne énergie.

 Albert Lopes
Robin Johnston, roll-in. Ph.: Albert Lopes

De mon côté, j’ai vraiment kiffé faire ce projet parce que ça m’a permis de filmer beaucoup et, du coup, de progresser derrière la caméra et au montage. Au niveau du format, une full-length video permet de faire ressortir la diversité d’approches et de styles qui peut exister au sein d’un crew. C’est intéressant d’essayer de créer un tout cohérent, tout en adaptant le montage à chacun des protagonistes.

 Albert Lopes
Robin Johnston, kickflip. Ph.: Albert Lopes

LSM : Revenons sur le Cranscityclub, veux-tu en détailler l’activité ? Ca remonte à quand, vous faites quoi, qu’est-ce que c’est que ce truc ? Ca sent le crew de potes de plus ou moins longue date qui officient et créent ensemble, non ? Des projets particuliers à part conquérir le monde ?

ADS : Ça remonte à 2015 ; à l’époque, on essayait d’obtenir un skatepark. Les gens de la ville ont fini par dire OK, mais à condition qu’on crée une assoc'. C’est comme ça que ça a commencé.

"Dans le collectif,
tout le monde est impliqué
d’une certaine manière"

Après ce projet, on s’est mis à organiser des contests et beaucoup de concerts. En parallèle, on a mis en place des cours de skate pour motiver les kids de la région. A côté, on fait des vidéos, des sapes et des boards.

 Albert Lopes
Yannick Eberhard, feeble grind. Ph.: Albert Lopes

Le but c’est vraiment de dynamiser la scène à Nyon, de donner envie aux plus jeunes de skater, de faire de la photo et de la vidéo. Montrer que c’est cool d’être dehors avec tes potes et de créer des trucs pour rendre ta ville vivante. C’est aussi ça le skate, c’est donner vie à la ville.

"J’aime bien cette logique
de hiérarchiser
les plans"

LSM : Veux-tu présenter chacun des skateurs présents dans la vidéo ? La scène semble vraiment défoncer, chacun a son style et chacun semble s’impliquer, par exemple avec Ebly Kaeslin qui signe les illustrations et animations en plus de skater sur un classique de Brigitte Bardot… Comment ces contributions se sont-elles orchestrées, d’ailleurs ?

ADS : Ça rejoint ce que je disais avant : chacun a vraiment un style différent en termes de choix de tricks, de style et de spots. Je trouve ça cool, du coup j’ai vraiment essayé d’adapter filming et montage pour que ça match au mieux et que les différences se ressentent.

 Albert Lopes
Chris Thévenot, varial heelflip. Ph.: Albert Lopes

Dans le collectif, tout le monde est impliqué d’une certaine manière. Chacun apporte sa pierre à l’édifice. Puisqu’on fait pas mal de choses différentes, on a besoin des compétences de tout le monde. En l’occurrence, Ebly fait les visuels du club depuis le début. Là, on discutait avec Théo de comment tuner la vidéo une fois finie ; Ebly a fait quelques dessins qui fonctionnaient bien une fois animés, et c’était exactement ce qu’il fallait.

 Albert Lopes
Théo Dao, frontside boardslide. Ph.: Albert Lopes

LSM : Pour en revenir à la réalisation, le montage suit un soin tout particulier avec un vrai travail de rythmique rétinienne, clips au fish de type raw entremêlés à des plans d’ambiance en format réduit comme une véritable ponctuation, ou encore noir et blanc soudain comme pour cacher certains tons indésirables (les vrais savent comment c'est pratique). A quel point as-tu étudié et pensé tout ce truc, tu suis une logique ou tu es autodidacte, voire montes au feeling ? Le résultat est efficace. Aussi, tu utilises une Mini-DV mais pas une VX-1000 exactement, c’est ça ?

ADS : En fait, j’aime bien cette logique de hiérarchiser les plans. Les tricks en format plein, les ambiances réduites. Je trouve que l’alternance apporte du dynamisme et qu’esthétiquement, avoir un cadre noir autour des ambiances leur donne de la valeur. Pour ce qui est des noirs et blancs soudains, t’as pas tout à fait tort [rires]. Ça sauve certaines images, et ça permet aussi de mieux coller à l’ambiance sonore.

 Albert Lopes
Robin Johnston, early grab. Ph.: Albert Lopes

Au final, je base tout sur la musique. Je trouve une track en fonction des premiers clips que j’ai. Après, je les cale sur la musique et ensuite, je cherche des ambiances qui correspondent. C’est une question de feeling mais, pour que ça marche, je trouve qu’il faut absolument qu’il y ait un lien rythmique entre le skate, la musique et les images. Du coup, parfois ça marche mieux en noir et blanc, parfois mieux en couleur.

Ah et pour la caméra, j’ai commencé le projet avec une Canon GL-2 en fin de vie et, entretemps, j’ai choppé une VX-2000.

LSM : Merci pour ton temps Arthur! Si tu as des projets, perso et concernant Cranscityclub à annoncer et exposer, c’est maintenant ! Quid de la suite ? Des remerciements ?

ADS : Merci à toi Aymeric, merci à LIVE ! Surtout, merci à tous les soss' pour la motive et la confiance, bisous à vous !

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