The Warriors & Colour Group in Japan / Galerie
L’électrochoc ? Julien, un pote de la petite ville de Bienne en Suisse (là d'où vient Chany Jeanguenin), qui poursuivait alors des études en Japonologie et de ce fait, passait du temps à Tokyo. Là-bas, lorsque son ami Kenji a fini par franchir le pas de se lancer dans un voyage individuel en Europe, Julien lui a dit de prendre contact avec moi... Et quelques semaines plus tard, ce jap’ nous montrait comment ressortir d’un wallie en nollie, ou poser son pied au sol en plein wallride. Il pouvait même faire ollie après ollie… comme un double ollie, ultra rapide - quoique l’on puisse qualifier cela, c’était certainement quelque chose que personne n’avait jamais vu à Zurich auparavant. C’était en 2007 ou 2008, aux alentours de la période où Heroin a commencé à mettre les Osaka Daggers en avant, et juste après que le Far East Skate Network de Takahiro Morita eut atteint l’Europe. Certains d’entre vous se remémorent peut-être la fameuse part mettant en scène le billard, brillamment montée ? Et bien, ce Kenji Nakahira était l’une de ces boules de billard, évoluant en skate en plein centre de Shibuya d’une manière alors sur le point de mettre en branle tout un mouvement ayant un impact sur la manière dont le skateboard est approché et filmé désormais et ce, partout dans le monde. Le (rare !) DVD “Overground Broadcasting” que Kenji nous offrit nous marqua d’une impression inoubliable et j’imagine que des gens tels que Yoan Taillandier et Colin Read, maîtres modernes des mouvements de VX ultra-rapides et plans au fisheye super rapprochés, y ont également trouvé leur inspiration.
Cela pourrait être - ou ne pas être - une coïncidence que l’un des skaters ayant eu une part individuelle dans la “Tengu : God Of Mischief” (et plus récemment, la “Spirit Quest”) de Colin Read fusse Connor Kammerer, un skater de NYC pas forcément des plus célèbres, ceci dit, une descente de trottoir en powerslide-pour-traverser-la-rue avant de repopper pour monter le trottoir d’en face, cela vous dit quelque chose ?... Quoiqu’il en soit, des années avant “Tengu”, en 2011, Connor a suivi la recommandation de Kenji qui était de visiter Zurich, et encore une fois ce fut l’occasion pour quelqu’un de se pointer et de nous apprendre quelque chose. Zurich baignait alors dans l’approche du spot individuel, bien défini : seuls les endroits parfaits étaient skatés, et se déplacer entre l’un et l’autre n’était finalement que pur mode de transport. Alors que Connor, lui, en visite depuis les rues de Brooklyn, n’en croyait pas ses yeux à pourtant voir le nombre de spots devant lesquels nous avions coutume de passer en skate sans même les regarder… A cette époque, Igor Fardin était déjà un invité récurrent à Zurich et cette nouvelle approche convenait exactement à son style de skate. Finalement, Connor nous quitta en nous laissant un chouette goût pour les sessions de nuit sur les sites de construction, et un ou deux tricks bien de sa poche auquel on aime toujours bien repenser aujourd’hui.
Donc, lorsque Igor & moi avons fini par checker - au hasard - les différents vols disponibles autour du monde au moment de booker pour un trip, seulement pour découvrir que les prix pour ceux à destination de Tokyo s’étaient effondrés, nous nous devions de réserver illico. Obligés. Nous avons alors contacté tous nos potes mais - après une réaction initiale franchement enthousiaste pour qu’au final, seulement quelques-uns s’avèrent suffisamment motivés pour booker plusieurs mois à l’avance - nous nous sommes retrouvés avec Henrique Goncalves et Mikey Brunner, deux des streeteux suisses les plus talentueux, et Shqipron Bobaj, le ‘filmweur’ - dont le nom ne manquera pas d’évoquer à ceux d’entre vous étant d’ores et déjà familiers avec la scène Suisse comme appartenant au mec qui couvre la majorité de tout ce qui se passe à, et autour de, Zurich.
Quelques mois plus tard, nous nous retrouvâmes devant un bain public dont on venait de se faire virer, à cause de nos tatouages. Deux heures du matin, à ingérer du vin de prune bon marché et de la méduse séchée, à partager nos souvenirs avec Kenji et Connor, dix ans après ce wallride-pied-au-sol qui nous avait laissé pantois.
Traduction: Aymeric Nocus