Ben Gore / Conversation

Autoportrait: Ben Gore

Interview: Charles Paratte

"Aujourd’hui, j’ai envie d’être à fond de ce que je fais et être avec mes amis est une grande source de motivation, pour moi."

 Ben Gore

Cela fait quelque temps, déjà, que lorsque l’on discute de différents montages apparus sur le net, la phrase “J’ai vu un truc hier, je ne me rappelle plus ce que c’était, mais Ben Gore avait des méchants trucs dedans !” revient souvent…
Ben ne passe jamais inaperçu, même dans le monde saturé de trop du skateboard en ligne… Ce serait déjà une bonne raison pour le prendre dans son team, mais il semblerait que son arrivée dans une marque basée en France soit basée sur un peu plus que cela, pour les deux parties. L’annonce –pas réellement surprise– par Magenta que Ben Gore est leur nouveau rideur semble le moment idéal pour lui poser deux trois questions…

Ton meilleur souvenir, en tant que jeune skateur à Pomano Beach en Floride?
Prendre le train avec mes amis, les week-ends, pour aller skater le centre de Miami.

Comment as-tu découvert le skate, d’ailleurs?
Un de mes amis avait une board et dès qu’il y avait un ouragan ou un coup de vent qui traversait la Floride, on amenait nos draps dans la rue pour s’en servir de voile, et l’on cruisait comme ça.

Tu as beaucoup filmé avec Josh Stewart, comment tu décrirais cette expérience?
C’est super. Il sait comment réaliser une vidéo tellement bien. Pendant le tournage de Welcome to MIA, nous étions vraiment sur la même longueur d’onde : essayer de trouver des spots intéressants, la musique qui collerait bien à la vidéo, et aussi juste se faire une session de flat par-ci par-là. Bosser sur un projet avec ses amis est l’unique façon de faire aboutir les choses correctement.

Penses-tu qu’il a joué un rôle important dans la reconnaissance médiatique de la Floride et la Côte Est, en général?
Bien sûr. Il était réellement l’un des premiers à filmer en Floride. Il a filmé tous les gens que je regardais quand j’étais gamin. Joel Meinholz, Ed Selego, Chis Williams et tellement d’autres. Josh a fait beaucoup pour la scène floridienne et la Côte Est en général. Je me souviens d’aller voir un spot, il y a paquet d’années, quand j’étais gamin et j’ai vu Jimmy Lannon faire nollie flip sur les fameux quatre blocs blancs de Miami et, quelques mois plus tard, le nollie flip était dans l’intro d’une 411. Personne ne connaissait Jimmy Lannon et maintenant regarde le, il est l’un des plus “Gansta mutha fuckas”!

Joel Meinholz semble avoir inspiré beaucoup de skateurs de Floride, tu peux nous en parler?
Je pense que Joel est une inspiration pour toute personne qui l’aura vu skater en vrai, pas juste les gars de Floride. Il se donne toujours à 110 % quand il skate. Il te motive à fond, et en temps, il te fait super peur.

Qu’est-ce que tu as ressenti lorsque tu as rencontré Jason Lee pour la première fois, à ton époque Stereo?
C’est toujours cool de rencontrer quelqu’un qui t’a influencé en tant que skateur, mais je ne me suis pas pissé dessus non plus. C’est différent maintenant, j’avais plus l’impression de rencontrer un acteur qu’un skateur. Je ne dis pas cela d’une façon péjorative ; je pense juste que si je l’avais rencontré dans les années 90, j’aurais probablement été plus impressionné. Je pense que je ne fais pas vraiment connaissance avec quelqu’un tant que je n’ai pas skaté avec lui. Être sur ta board fait ressortir ta vraie personnalité.

Comment as-tu commencé à t’intéresser à la photo?
J’ai commencé à shooter avec un Polaroid et, au bout d’un an, je me souviens avoir regardé toutes les photos que j’avais prises, et tous ces souvenirs sont revenus. Les endroits où je suis allé et tous les gens avec qui je suis devenu ami sont des choses chose que je veux être capable de revoir.

Tu utilises quel appareil?
J’ai plusieurs appareils assez différents, mais celui que j’utilise le plus est probablement le Leica M6.

Qu’est-ce qui t’inspire?
Tous mes potes, pousser dans la rue, San Fransisco, GX1000, toutes les formes de photographie, les voyages, la musique, KK Cafe, oh oui, et tous mes amis.

Es-tu un fervent défenseur de la photo argentique? Qui a-t-il de particulier à shooter de la pellicule que tu pourrais expliquer à un gamin qui ne connaît que le numérique?
C’est juste ce qui m’intéresse. Tout ce que tu entreprends doit te procurer une sorte d’émotion et utiliser de la pellicule me procure ça. La sensation de développer mes pellicules, les emmener dans la chambre noire pour leur donner vie est quelque chose qui ne s’explique pas. Donc j’imagine que c’est ce que je dirais à ce gamin. Certains comprendraient et la majorité probablement pas.

Tu avais exposé des photos à San Francisco, qui montrait de façon assez évidente tes liens avec la bande Magenta, longtemps avant que tu ne rejoignes le team. Comment tu les as connus ?
En fait, j’ai rencontré Soy Panday, il y a quelques années déjà, à Miami, quand il filmait pour la Static 3, mais bien avant que Magenta ne voie le jour. Je pense que je suis devenu proche de tous les gars quand Léo Vals a commencé à passer beaucoup de temps à San Francisco.

Dans une interview, Léo expliquait que la meilleure façon de s’arrêter dans une descente à SF, en cas de danger, était de faire un backside powerslide les pieds joints. Peux-tu confirmer que ce n’est pas recommandé et nous donner un vrai conseil?
Je ne suis pas totalement en désaccord, en fait. Tout le monde à sa propre façon de se sortir de ces situations, il faut juste garder en tête qu’il est préférable de glisser en arrière que d’être projeté vers l’avant.

Comment tu vois l’industrie du skate en 2013?
En ce moment, l’industrie du skate dans son ensemble est assez naze, mais il y a toujours une poignée de marques et de skateurs qui font des trucs cools. Une fois dit ça, j’essaie juste de prêter attention à ces gens-là. Je reste concentré sur ce que le skate est vraiment pour moi.

Quel est le côté obscur du skate?
Les gens fermés d’esprit. Les gens qui ne sont pas prêts à accepter que tout le monde est différent et pensent qu’ils doivent suivre un certain modèle.

Et le bon côté, alors?
Le fait de s’en foutre: quand tu skates, tu skates, c’est tout.

Même si ça semble une évidence, aujourd’hui, qu’est ce qui t’a décidé à rejoindre Magenta?
L’amitié. Aujourd’hui, j’ai envie d’être à fond de ce que je fais et être avec mes amis est une grande source de motivation, pour moi.

Comment penses-tu que Magenta est perçu aux États-Unis?
Je pense que c’est bien suivi, ici. Il y a toujours une marge de progression, mais tu peux dire ça pour tout. Peu importe où tu es, tout le monde a le droit à sa propre opinion. Il y aura toujours des “haters”, mais nous avons choisi de vivre notre vie sans être préoccupé constamment par ceux-là.

En dehors de l’amitié, qu’est ce qui t’a plu dans leur projet?
Magenta propose quelque chose de différent de tous les autres et, en même temps, tout le monde peut s’y identifier. Monter aux gens qu’il existe d’autres choses, leur ouvrir l’esprit et leur faire savoir que c’est cool d’être créatif et de faire les choses à sa façon.

Une phrase pour décrire chaque rideur Magenta?
Describe each team member in one sentence…
Jimmy Lannon: boogie jiving rap is life where I’m from.
Soy Panday: food for thoughts, so get a buffet plate.
Leo Valls: brewing funk inside my soul kitchen.
Vivien Feil: we twist, exist, to spin maddest hits.
Zach Lyons: I’m interplanetary, my insect movements vary.
Koichiro Uehara: It’s that hip-hop rockers jazz when I max.

Depuis quand vis-tu à San Francisco?
J’ai perdu la notion du temps au bout de trois ans, je pense que ça fait à peu près six années.

Tu as toujours de bonnes images dans différents edits à SF, pour Slap ou GX1000, par exemple. Avec tout ça, tu as tout de même réussi à mettre de côté une full part ?
Oui, j’ai toujours mis des images de côté, petit à petit. Pour moi, c’est important de participer à quelque chose avec les gens avec qui je traîne.

Et que ces apparitions toujours remarquées dans des web clips, qui malheureusement sont oubliés dans les jours qui suivent, ça ne te frustre pas?
Bien sûr, j’en suis un peu dégoûté, mais j’essaie d’aborder ça différemment depuis peu… C’est juste une raison de plus pour skater encore plus. Avoir toujours quelque chose de nouveau à faire n’est pas forcément une si mauvaise chose. Il y a une autre façon de penser à ça, la majorité des merdes qui sortent tous les jours sont instantanément oubliées mais il reste quand même des trucs qui te restent gravés en mémoire… La bonne came! Alors, lutter pour essayer d’arriver à ça me maintient motivé et me fait réaliser que tout n’est pas oublié.

On a déjà posé la question de San Francisco à pas mal de skateurs… Qu’est-ce que tu peux nous en dire que l’on ne sait pas déjà?
C’est la ville de rêve. Un endroit où être heureux. Quand je mourrais, je voudrais aller à San Francisco.

Même si ta carrière est loin d’être terminée, tu penses parfois à un travail que tu pourrais avoir dans le futur?
Pour le moment, j’essaie de vivre le moment présent. Penser au futur me fait un peu peur. Peu importe ce qu’il finira par m’arriver, j’aurai toujours les pieds sur un skate.

D’après ceci, Ben a encore quelques années devant lui avant de pointer au chômage:

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