"DILL" / Jonathan Rentschler / INTERVIEW
article: Benjamin Deberdt, Aymeric Nocus
Jonathan Rentschler est un nom de plus qui devrait être familier aux plus assidus des lecteurs de LIVE, puisqu'on a déjà partagé ses travaux photographiques par le passé et qu'on l'a même interviewé : souvenez-vous, c'était au sujet de "LOVE", son livre photo sur les derniers jours du spot de LOVE Park à Philly. Et bien aujourd'hui, il revient présenter un nouveau zine : "DILL", focalisé sur Jason Dill en tant que sujet mais pas n'importe quel Dill, ni le plus exposé au public en général : le Dill de tous les jours, avec un accent sur la documentation de moments spontanés et autres environnements naturels.
Une opportunité beaucoup trop tentante pour Benjamin, qui est allé poser quelques questions à Jon (cinq, comme d'hab'), histoire de pouvoir renseigner tout le monde !
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LIVE Skateboard Media : Yo Jon, merci pour ton temps ! Bon, où te retrouves-tu confiné, en ces temps de quarantaine ?
Jonathan Rentschler : En ce moment, je suis retenu dans mon appartement dans le Lower East Side avec une bouteille de Bordeaux, en attendant que tout se tasse.
N.Y.C. est l'épicentre de la pandémie de Coronavirus aux Etats Unis et du coup, la ville est plus ou moins éteinte, c'est très bizarre comme expérience.
J'étais censé me rendre au festival du Los Angeles Art Book début avril, pour lancer deux zines que je viens d'autopublier pour l'occasion, en plus, mais bon, comme tous les rassemblements et autres évènements partout dans le monde, le festival a été annulé, évidemment.
LSM : Qu'est-ce qui fait de Jason Dill un sujet intéressant, selon toi? Parce que tu n'es pas du genre à documenter les "célébrités"…
Jon : Les quelques fois où j'ai pu traîner avec Jason, sa personnalité m'a marqué de par son magnétisme. Il était très ouvert, très charismatique. Il est devenu assez connu pour ça, d'ailleurs.
"Le skate et la photo [...]
Une fois que
ces pratiques t'ont trouvées,
elles peuvent être
tout ce que tu veux
qu'elles soient"
Après avoir regardé les photos que j'avais fait de lui, qui sont devenues les ingrédients de la recette du zine "DILL", je me suis rendu compte que les images présentaient son personnage dans un contexte différent de ce que les gens ont l'habitude de voir de lui. En général, il apparaît dans des vidéos de skate ou dans des interviews, pas en train de faire la fête en ville avec ses potes.
Les images que j'ai gardées pour la série ont été shootées sur une soirée passée à manger dans un bistrot de l'East Village, puis à traîner sur le toît d'une résidence dans le Lower East Side.
LSM : Pourquoi t'es-tu mis à la photo, pour commencer ?
Jon : Je remarque beaucoup de similarités entre le skate et la photo, dont le fait que ce sont ces pratiques qui te trouvent et une fois qu'elles t'ont trouvées, elles peuvent être tout ce que tu veux qu'elles soient.
C'est un ancien colloc' qui m'a fait tomber dedans, il m'a présenté le truc et j'ai réalisé que pour moi, la photo pouvait être un moyen de communiquer et de connecter avec les gens puisque de base, je suis plutôt solitaire et introverti.
LSM : Qui essaies-tu de toucher, à ton avis, quand tu organises une série de photo dans un ordre particulier ?
Jon : Personne en particulier - j'essaie juste d'illustrer une histoire depuis mon point de vue. Souvent, ça ne m'apparaît pas au moment de réalisation des photos mais plus tard, au moment de les organiser.
Il y a une part d'intuition mais la plupart du temps, l'histoire ne ressort pas avant d'avoir contemplé les images pendant longtemps.
Mais au final, c'est au spectateur que de percevoir les images comme il veut, et d'en retirer ce qu'il en souhaite.
LSM : Quand le zine sera-t-il disponible, et par quelle(s) voie(s) ?
Jon : Le zine est d'ores et déjà disponible aux U.S. sur mon webshop et sur le site de Printed Matter ; ainsi qu'au Royaume-Uni, via Palomino.
Dans quelques semaines, il sera disponible dans les shops français et allemands via Beast Distribution, au Japon par l'intermédiaire de Shelter Distribution, Flotsam Books, Blank Mag Books et Salt & Pepper, et à N.Y.C. en passant par Dashwood Books.
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