"Look Left" / Mark Wetzel / PREMIERE

avec la résurgence récente du "street dans la vraie rue" - celui censé vous pousser à explorer votre environnement afin de trouver vos pas-toujours-très-propres spots - cela peut sembler étrange de ne pas voir une institution historique telle que traffic skateboards, l'initiative d'un pionnier en la matière : ricky oyola, figurer parmi les marques de board les plus plébiscitées. et quand bien même, de ce fait, les racines de traffic seraient profondément ancrées dans l'histoire, rejoignant les parcours personnels d'individus ayant à leur époque façonné cette image du skateboard urbain telle qu'actuellement exploitée dans toutes les positions possibles, l'entreprise subit un certain revers de la médaille : résolument honnête, concentrée sur l'action brute, traffic s'affirme comme l'empreinte du puriste, préférant toucher un petit public d'illuminés plutôt qu'ouvrir portes et fenêtres à une foule indécise. l'amour avant l'accessibilité, la passion avant la popularité : autant dire l'épreuve du feu dans un microcosme skateboardistique tel qu'il s'affiche en 2018 - et ce n'est pas l'implication grandissante des illuminatis de theories of atlantis dans la marque qui va contrer cet élan ! il y a quelques mois, josh stewart (de "Static") et traffic persistaient et signaient avec un énième opus vidéo : "Look Left". parmi les figurants : mark wetzel, représentant traffic de longue date, fier col bleu de l'underground du new jersey aux mains sales de sueur, de tricks tordus et de spots crasseux. si son nom ne vous dit rien, pas de panique : mark est tout simplement aussi valorisé dans le skate que la sincérité est saluée en général, au sein du système actuel, plutôt dominé par le chiffre. Sa part dans "Look Left" n'est donc pas sans renvoyer à certaines valeurs ; live skateboard media est fier de vous la présenter et qui plus est, accompagnée d'une pelletée de notes par l'auteur, à parcourir ci-dessous !

LIVE Skateboard Media : Salut Mark, que dirais-tu de te présenter ? Où, quand et comment as-tu commencé le skate ? Quelles ont été tes influences (locales ?), au fil de ton parcours ?

Mark Wetzel : Tout a commencé à force de voir les gosses de mon quartier - un peu plus âgés que moi - régulièrement s'adonner à ce bazar... Ils avaient ce côté rebelle. Dans ma rue, il y avait cette famille de motards qui avait une mini-rampe, et un pseudo-spot de trottoir devant mon arrêt de bus pour l'école. Donc, oui, la scène était florissante.

Ma mère avait une école de gymnastique que Jeff Jones, un skateur pro de l'époque, a commencé à fréquenter régulièrement afin d'utiliser le trampoline pour y rebondir avec un skate attaché aux pieds. J'ai fini par aller le voir à l'occasion d'une démo qu'il donnait devant un Burger King, et je suis resté scotché ! J'ai acheté une vraie board peu après ça, et puis c'était bon, j'étais lancé... J'avais alors huit ans.


Frontside pivot grind. Ph.:
Josh Stewart

Jeff Jones a fini par ouvrir un skatepark à dix minutes de chez moi. J'ai commencé à skater avec les gosses plus vieux de mon quartier, et on partait à l'Impact Zone, qui était un autre park situé à Bricktown, également dans le New Jersey. C'est le park où se déroule le contest dans le tout premier numéro de 411VM. Fred Gall, Jim Mencer, Ricky Oyola, et bien d'autres talents issus du New Jersey fréquentaient l'endroit ; je n'avais aucune idée de qui ils étaient à l'époque, mais en tout cas, la scène était bien brute de décoffrage. Les gars plus vieux faisaient les durs à l'époque, ils étaient plutôt méchants et moi, j'adorais leur attitude.

"Je me souviens d'être allé chez Ricky pour lui montrer mes images ;
j'étais si nerveux que j'ai trébuché sur la prise
et fait tomber l'ordinateur !"

En grandissant, j'étais à bloc de curb et en même temps, j'aimais bien les skateurs qui avaient un répertoire de tricks bien à eux. Tim O'Connor, Fred Gall, Guy Mariano dans "Mouse", Matt Reason et son approche sauvage mais quand même tech, ou encore la façon que Ricky Oyola et Bobby Puleo avaient de se réapproprier le moindre bout de mobilier urbain... Tout autant de styles qui m'ont influencé. Ils étaient originaux, à faire des choses auxquelles personne d'autre ne pensait. C'est toujours ça qui m'a plu : les skateurs avec leur propre direction. 
 
Et dans mes vidéos de prédilection, c'est à dire : la vidéo du shop Sub Zero, les Eastern Exposure, la "Mouse" - tout le monde skatait ces espèces de plazas de fou, ça donnait envie et, en fin de compte, Philadelphie et sa scène ne se trouvaient pas très loin d'ici ; donc, de fil en aiguille, on a commencé à partir skater là-bas tout le temps. Après le lycée, j'ai carrément décidé d'aller étudier à Philly, et c'est sûrement ce choix-là qui a eu l'impact le plus fort sur la direction que mon skate a fini par prendre. On skatait dans le centre, en général après s'être fait jeter de Love ou de City Hall, et on cherchait des petits spots lambda sur lesquels tricoter. A la base, j'étais plutôt dans la recherche de tricks de curb auxquels personne n'aurait vraiment pensé, et puis j'ai commencé à davantage me pencher sur les utilisations les plus originales qu'il était possible de faire d'un spot donné. 
 

Un clic sur ce portrait à la 16mm par Josh Stewart pour visionner la part de Mark dans la vidéo Traffic "Via" !
 
LSM : Comment as-tu fini par te rapprocher de Traffic ? Ca fait un bail que tu es dans leurs vidéos, à commencer par "Via" et ce, il y a plus de dix ans. Quel effet cela procure-t-il, de skater en ville avec Ricky Oyola pour la première fois ? T'influençait-il déjà avant même votre rencontre ? Et quid de ta première session avec Josh Stewart ?
 
Mark : La connexion avec Traffic s'est faite par le biais de Jack Sabback et de Rich Adler.
 
Je skatais dans le centre tous les jours et sur plus ou moins tous les spots, j'étais un local. J'imagine que je devais à peu près m'en sortir sur un skate, et quand on se faisait virer de Love, j'ai commencé à suivre ces gars-là pour aller explorer les rues et skater des trucs différents. Ricky lançait justement Traffic, et je crois que Rich et Jack ont commencé par lui dire qu'il devrait éventuellement me filer quelques boards.
 

Rich Adler, nosegrind qui monte puis redescend to fakie. Ph.: 
Yukihisa Nakamura du magazine Secret Cut
 
Je me souviens d'être allé chez Ricky avec mon ordinateur portable, pour lui montrer mes images. J'étais si nerveux que j'ai trébuché sur la prise et fait tomber l'ordinateur ! Mais il a quand même aimé lesdites images, et je suis reparti avec quelques boards.
 
Après, je croisais Ricky de temps en temps, ici et là en ville ; on le voyait débarquer à Love ou à City Hall et, à chaque fois, on pouvait voir qu'il avait déjà bien amorcé sa session. Il faisait ses quelques lignes autour du parc, et puis il disparaissait à nouveau.

"Rick avait fait wallie feeble et moi, wallie back tail ; mais je ne crois pas qu'ils aient utilisé mon trick [rires]"

Ry Manos était un pote à moi, qui a commencé un jour à filmer Ricky, Jack, Damian [Smith], et Rich. Donc souvent, je les accompagnais sur leurs sessions, mais j'étais suffisamment proche de Ry pour l'emmener sur mes propres missions personnelles. Le team de Traffic était alors encore en train de se constituer, mais du coup, au moment de monter "Via", j'avais un bon paquet de clips et puisque j'étais bien intégré au crew, tout s'est bien goupillé, et j'ai carrément décroché la première part de cette vidéo !
 
La première fois que j'ai skaté avec Rick, outre les sessions sur lesquelles on se croisait par hasard, c'était sur ce quarter de récup' que j'avais construit sur la base d'un frigo cassé. On a fini par tous deux filmer un trick dessus. Je crois que cette session m'a aidé à intégrer Traffic. Rick avait fait wallie feeble et moi, wallie back tail ; mais je ne crois pas qu'ils aient utilisé mon trick [rires]!
 

Ricky Oyola, back tail tel que vu dans la part de Mark dans "Look Left". Ph.:
Rich Adler via Skate Jawn
 
LSM : En 2008, tu as partagé une part avec entre autres Guru Khalsa, Tim O'Connor et Steve Durante dans une vidéo faite par nos potes en Italie : René Olivo et Diego Dominguez de Chef Family, intitulée "Nothing Compares". Comment diable cela s'est-il goupillé ? C'était comment, cette expérience du skate en Europe ?

Mark : Cette connexion s'est établie grâce à Andrew Petillo et Steve Durante.
 
Après l'université, j'ai économisé un peu et j'ai déménagé en Espagne, pour enseigner l'Anglais. J'étais vraiment fixé sur Barcelone et ses spots de fou, mais finalement il m'a été impossible de rembourser mes prêts étudiants tout en vivant sur place avec ce boulot-là, et j'ai fini par dépenser tout ce que j'avais.

"Beaucoup de mes clips dans 'Static 2' proviennent de ce séjour en Italie"

Je connaissais un peu Steve et Andrew, que j'avais déjà vu - de loin - dans le New Jersey. Quelqu'un m'a donné leur numéro afin qu'on puisse se retrouver lorsqu'ils viendraient, on s'est bien entendus, et ils m'ont proposé de venir en Italie avec eux. Ils connaissaient René d'un trip précédent, et retournaient squatter chez ces mecs.
 
C'était tellement drôle, ce trip ! On a bougé partout en Italie, on a rencontré plein de gens au top, et on a filmé un paquet de trucs. Beaucoup de mes clips dans "Static 2" proviennent justement de ce séjour en Italie. Pour moi, qui débarquait de Philly et de sa scène skate hyper fragmentée, c'était chouette de découvrir une communauté de skateurs un peu plus proches les uns des autres que ce à quoi j'étais alors habitué. A Philly, il y a plein de crews différents et chacun fait un peu ce qu'il veut ; alors que la Chef family, c'est une vraie société de potes qui font tout ensemble. J'ai trouvé ça frais.
 

Hop, un clic sur ce portrait 16mm portrait signé Josh Stewart pour voir la part de Mark dans "Static IV" !
 
LSM : Et ce filming pour "Static IV", alors ? A ce moment-là de la série, Static représentait déjà une institution, un pilier de la scène underground et nombreux étaient ceux qui attendaient ce nouvel opus au tournant. Comment as-tu géré la pression ? Ca t'a motivé à produire encore plus, peut-être ?
 
Mark : J'ai juste croisé Josh dans Philly qui m'a dit que si on filmait quoique ce soit ensemble pour la vidéo, il utiliserait tout. Je suis un grand fan de ce qu'il fait, et n'allais pas laisser filer cette opportunité.
 
Le filming s'est étalé sur un long laps de temps, mais ne s'est jamais imposé comme une priorité vitale ; d'ailleurs, j'ai l'impression que beaucoup de skateurs représentés dans "Static IV" ont eu le même type de relation avec Josh lors du filming, ce qui, en retour, alimente l'impression qu'on a, en visionnant cette vidéo, qu'elle représente fidèlement la façon de skater de chacun.
 
Personnellement, à l'époque, je travaillais à plein temps, je lançais ma boîte, je venais d'acheter une vieille baraque à réparer, donc je ne skatais pas chaque jour, voire chaque semaine... Voire chaque mois ! Mes parents vivaient sur la côte dans le New Jersey, et leur maison venait d'être ravagée par l'Ouragan Sandy : ils se sont tapés un mètre d'eau dans leur rez-de-chaussée, ce qui nous a conduit, mon père et moi, à tout détruire puis reconstruire afin de réhausser la maison d'un mètre cinquante. Je n'ai quasiment pas skaté pendant les huit mois qu'on a passé à faire ça. Au final, je crois que c'est un pan d'une année entière du "filming" de "Static IV" pendant lequel je n'ai filmé aucun trick.

"Si je faisais une image, j'étais sûr qu'elle finirait [...] dans une vidéo incontournable"

Je travaillais à Jersey City à l'époque, qui se trouve juste de l'autre côté de la rivière par rapport à Manhattan, et pour rentrer chez moi après le boulot il me fallait bien une heure et quart. Du coup, afin d'éviter l'heure de pointe et ses bouchons, je prenais souvent le train pour aller errer en ville, ou sinon je skatais à Jersey City, pour passer le temps. Parfois, je me retrouvais juste à glander tout seul ; d'autres fois, je tombais sur un nouveau spot sur lequel j'avais subitement envie de faire une image et du coup, j'appelais Josh afin qu'il me rejoigne. Parfois, ça se transformait en session jusqu'à deux, trois heures du mat' !  
 
La première vidéo de la série Static que j'ai vu, c'était la toute première ; un pote l'avait choppée, probablement à Sub Zero lors de l'une de nos virées à Philly. Les vidéos étaient bien moins accessibles à l'époque que maintenant ; on s'était sûrement copié la VHS, entre nous...
 
En tout cas, quand Josh m'a dit qu'il voulait utiliser mes images, ça m'a clairement motivé, car ça m'a signifié que ce que je faisais devait être spécial, en quelque sorte. Ca m'a aussi donné un projet sur lequel me concentrer : si je faisais une image, alors j'étais sûr qu'elle finirait quelque part - qui plus est, dans une vidéo destinée à devenir incontournable. Du coup, j'ai continué de faire mon truc, tout en prenant l'initiative quand même de monter plus souvent à New York puisqu'alors je savais que je pourrais toujours capter Josh et filmer des trucs.
 

Cliquez pour voir de chouettes images de Mark dans ce Traffic Report sorti en 2010.

LSM : Tes choix de spots sont toujours impressionnants ; quand on regarde tes parts, on a vraiment l'impression de parcourir un catalogue d'endroits bizarres que tu aurais trouvé tout seul, et remisé dans un coin de ta tête jusqu'à ce que l'occasion se présente d'aller y filmer quelque chose d'intelligent. Es-tu bel et bien un tel adepte de la "chasse aux spots" ? Et d'ailleurs, comment les trouves-tu le plus souvent ? En te baladant, en skatant, en conduisant ? T'es-tu déjà servi de Google Maps pour ça ?

Mark : Merci ! Et bien oui, c'est plus ou moins ça.
 
En général, je trouve un spot - ou une nouvelle façon de skater un obstacle - spontanément, en session avec mes potes. Et ensuite, si je veux filmer quelque chose sur place, et bien c'est justement là que je me rends à l'évidence qu'il va falloir que ça attende, au moins jusqu'à ce que je trouve quelqu'un avec une caméra et que je le motive à ramener ses fesses ici !

"C'est en étant spontané qu'on obtient les meilleurs résultats"

Si je me trouve dans les parages de quelqu'un qui a une caméra, en général, j'ai déjà une idée en tête concernant un spot pas trop loin où on pourrait filer faire une image. En tout cas, à l'époque de la Traffic "Via" ou de la "Static 3", il y avait toujours un pote filmeur dans le crew composant la session, donc c'était plus simple : tout s'organisait naturellement.
 
Mais par la suite, tout est devenu beaucoup plus difficile, j'ai dû commencer à carrément m'organiser, prévoir à l'avance - ce qui nuit à l'énergie d'une session ou d'un clip, justement. Car c'est en étant spontané qu'on obtient les meilleurs résultats. Sinon, j'adore toujours chercher de nouveaux spots, mais en ce moment j'ai de moins en moins de temps libre, donc j'ai moins envie de me prendre la tête quand je skate, je veux juste rouler et me marrer. Je ne suis assis pas là, devant Google Maps, à passer les rues au peigne fin, c'est sûr et certain.  
 
LSM : Ton approche du skate en curb est également intriguante, car visiblement assez unique : tu ne débordes pas trop sur le flip-in flip-out peaufiné en skatepark, toutefois tes tricks demeurent difficiles, et pas toujours évidents non plus. On dirait un genre de mix entre le tricot sur trottoir de la fin des années 80 et les mouvements davantage typés "plaza" des années 90, un genre d'Armando Barajas coupé au Pepe Martinez - rien à voir avec la "danse sur curb" moderne. A quelle fréquence trouves-tu de nouvelles combinaisons de tricks ? Par exemple, le coup du backside 360 pour sortir d'un frontside 50-50 en milieu de curb [à voir dans le Traffic Report posté plus haut, NDLR], comment cette idée t'est-elle venue à une époque ou les alley-oop 180 en sortie de grind n'étaient même pas encore à la mode ? Et puis, quelles sont tes influences en matière de skate de curb ?
 
Mark : J'ai toujours été à fond des skateurs qui faisaient des tricks de curb innovants, ou tout simplement différents. Tim O'Connor, Guy Mariano, et Marc Johnson faisaient tout le temps des tricks de curb que tu ne voyais personne d'autre faire. Les tricks en tant que tel étaient difficiles, mais avant même d'en arriver à les faire, la simple conception du truc, c'était de la gymnastique mentale, donc difficile aussi ! Ces mecs faisaient dans l'original. Ils n'essayaient pas de faire ou d'être comme quelqu'un d'autre, qu'ils auraient déjà vu ; ils créaient leur propre modèle et ensuite, ce sont les autres qui voulaient faire ou être comme eux.
 
J'aimais ça à propos de leur skate, et ça m'a donné envie de trouver mes propres tricks originaux. Et puis le flip-in flip-out, je n'y arrive pas, même si j'aimerais bien. Pour le frontside 50-50 backside 360 out, la version en 180 représente une manoeuvre typiquement east coast, pour moi ; j'adore le feeling de ce trick, du coup j'ai naturellement fini par me demander : "et si je le faisais en 3-6 ? Peut-être que personne n'a jamais fait ça ?".
 

Un clic pour regarder "Traffic Patterns" avec Ricky Oyola, Mark Wetzel et bien d'autres, réalisé par Joe Bressler.
 
Mes skateurs de curb préférés : Guy Mariano, Tim O'Connor, Matt Reason (qui a retranscrit le tech en curb plus aggressivement que n'importe qui d'autre). Tim Achille était le roi du alley-oop bizarre, et Marc Johnson a toujours eu sa propre approche du curb.

LSM : Enfin, comment as-tu approché le filming de la nouvelle vidéo Traffic, "Look Left" ? Qui a principalement filmé ta part - Josh, peut-être ? Sinon, à côté, dans la vie, tu fais quoi en ce moment ? Filmer des parts de skate comme ça, après toutes ces années, tu t'y retrouves toujours, tu arrives à cultiver une certaine vision de ce que tu veux montrer ?

Mark : Le filming de la nouvelle vidéo Traffic avait très bien commencé ! Ca faisait longtemps que je n'avais rien filmé ; la dernière fois devait remonter à plus d'un an après la "Static IV". Du coup, je débordais d'idées de clips, soit de trucs que j'avais fait entretemps mais jamais filmé, soit de tricks que je m'imaginais rentrer sans pour autant les avoir déjà fait. 
 
Je skatais pas mal avec Mark Humienik, et lui skatait avec Matt Velez ; tous deux constituaient la nouvelle génération de mordus de skate en provenance de mon coin. Et ça, c'est quelque chose qui m'a beaucoup aidé car grâce à eux, j'avais toujours un filmeur à disposition dans mon bled ; plus besoin de conduire pendant une heure pour aller filmer un trick.

"Si quelqu'un lit ces lignes et aimerait m'impliquer dans un projet, je suis toute ouïe !"

Du coup, Andrew Petillo et Matt Velez ont filmé la plupart de ma section. Pas mal de clips ont été filmés en banlieue de Jersey, où j'habitais à l'époque, et c'est quelque chose qui me plaît particulièrement dans cette part. Il y a aussi quelques trucs que Josh a filmé, oui, mais il s'agit surtout de vieux trucs. En tout cas, au début, donc, je me sentais hyper bien sur ma board, au top de ma forme, quand bien même à vrai dire je ne m'estime pas très "fort" en skate - je suis à même de me faire défoncer en O.U.T. par le premier gosse de skatepark venu - j'ai toujours cette réflexion qui m'amène à essayer de skater de nouveaux trucs différemment.
 
Donc sur le moment, je pensais vraiment que j'allais pouvoir faire au moins aussi bien que ma part dans "Static IV", mais un jour au spot de Muni à Philly, alors que je skatais, je me suis cassé le pied. On a dû me mettre une plaque et six vis, et ça, ça m'a bien freiné ! Il m'a fallu longtemps pour ensuite récupérer, physiquement mais aussi mentalement, au point d'oser recommencer à filmer quelque chose. Et même arrivé là, subitement, je me suis rendu compte que je galérais [rires] !
 
La plupart de cette section date d'avant mon accident et a été filmée soit après les cours que je donne, soit entre deux couches de peinture. J'en suis content, mais j'aurais vraiment voulu donner davantage, puisqu'il s'agit peut-être de la dernière part complète que je serai en mesure de donner. J'aurais voulu qu'elle me représente au top du top.
 
Sinon, je suis toujours professeur de design graphique, et j'adore contribuer aux graphiques de board Traffic, d'ailleurs. J'aimerais bien approfondir la matière, d'ailleurs, donc si quelqu'un lit ces lignes et aimerait m'impliquer dans un projet, je suis toute ouïe !
 

Un graphique de board réalisé par Mark pour Traffic, aux couleurs du spot de Muni à Philly. Ph.:
Andrew Petillo

Et puis j'ai toujours mon entreprise de peinture, et je suis pratiquement toujours impliqué dans un projet ou un autre. Et puis, ma femme est surfeuse depuis toujours et elle a fini par me faire tomber dans la marmite, aussi ; du coup, on voyage ensemble régulièrement dans ce but et c'est une activité de plus dans laquelle j'aime m'investir.
 
Je travaille clairement trop ; d'ailleurs, en ce moment, j'expérimente à la recherche de la bonne formule, car j'aimerais ralentir un peu, mais en même temps, j'ai besoin d'argent pour vivre la vie que j'ai envie de vivre. Je cherche le bon compromis !

"Je sais toujours apprendre des tricks, trouver des spots, m'acharner pendant une heure tout seul sur un parking"

J'adorerais pouvoir filmer une nouvelle part, ou bosser sur un nouveau projet. Mais à moins que j'investisse dans une caméra et un trépied, rien de tout ça n'est plus possible, actuellement : Velez a déménagé en ville, et mes potes qui filmaient avant sont tous passés à autre chose. Donc en ce moment, produire des clips est une vraie mission, et je ne vois pas l'intérêt de m'acharner - je réussirais uniquement à gâcher les moments où je suis censé m'amuser.
 
Je sais toujours apprendre des tricks, trouver des spots, m'acharner pendant une heure tout seul sur un parking. J'adore toujours cette bataille dans l'apprentissage d'un trick difficile, et quand quelqu'un est disposé à filmer alors je me donne à fond. Ceci dit, avec le temps, j'ai appris à être moins exigeant vis à vis de moi-même. Je roule, je m'amuse, je garde la forme et ça me convient bien !

 

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