Michael Mackrodt, une rétrospective (Part 2)

Portrait: Patrik Wallner

Interview: Benjamin Deberdt

"Je voyage pour faire mes expériences personnelles, pas pour me vanter."

 Patrik Wallner

Pour faire suite à une première partie “historique”, passons maintenant à la grande passion de Michi : les voyages au long cours! Il compte parmi ces baroudeurs que l’on retrouve régulièrement dans des trips ni organisés par un sponsor, ni “évidents” par leur destination…
Et lorsqu’il n’est pas sur la route, on le trouve à Berlin, autre sujet de discussion intéressant, sorte de capitale européenne “alternative” de la scène européenne.
Bref, une conversation plus qu’agréable en perspective!

En 2006, nous étions parti en Inde pour essayer d’y faire du skate. C’était ton premier trip “exotique” du genre?
On est parti avec Soy Panday, Vivien Feil, Jan Kliewer, Evan Collisson, Kenny Reed et toi. C’était bien intense, et difficile de trouver de bons spots. Je me rappelle du conducteur qui nous disait sans cesse qu’il savait où l’on pouvait skater. On se disait qu’il n’y comprenait rien, donc qu’il ne pouvait pas savoir. À la fin, désespérés, on a fini par lui dire: “OK, montre-nous ton spot!”, en pensant que ça ne servirait à rien. Et là, il nous emmène à un temple construit récemment avec de bassins vides tout au tour, en plans inclinés… Le spot incroyable, quoi. Comme quoi il faut faire confiance aux locaux, en général.
Mais, pour revenir à ta question, non, ce n’était pas mon premier trip exotique, mais sans doute un des plus intenses. On a vécu tellement d’histoires là-bas…

On avait choisi des gars qui avaient déjà bourlingué, comment toi tu choisis les gens avec qui partir pour ce genre d'aventures?
J’essaye de partir entre potes, donc avec des gars qui sont dans le même délire, plus ou moins. C’est important que le groupe fonctionne bien ensemble et que tout le monde soit d’accord sur les décisions prises. Comme il est parfois dur de tout prévoir, ça aide que tout le monde puisse compter l’un sur l’autre, que tout le monde essaye de penser au bien de l’autre.
Donc, moins on est nombreux, plus c’est facile d’agir si jamais il y a une couille. Et j’ai horreur de perdre mon temps à attendre pour rien. C’est le pire ! [Rire]

 Benjamin Deberdt

Nollie flip fakie à Lucknow (Inde), en 2006, sur le fameux spot du chauffeur! photo: Benjamin Deberdt

Tu as déjà eu le cas où tu t’es dit : “non, lui, c'est vraiment pas possible, il n'est pas prêt”?
Non, je ne dirais jamais que quelqu’un n’est pas prêt. Seulement que je n’ai pas forcément envie de voyager avec n’importe qui. Ça n a rien avoir avec “être prêt” ou pas. Je voyage pas mal avec de jeunes skateurs russes, par exemple, qui ne sont pas prêts du tout. Et pourtant, on rigole beaucoup et tout se passe très bien.

On pourrait faire une liste de skateurs qui bourlinguent comme toi, et qui se retrouvent sur des trips de ce genre, avec Skateboarder Mag ou autre. C'est une sorte de club?
[Rires] En tout cas, s’il existait un Club Voyageurs, Kenny serait le président, c’est sûr. Je peux juste parler pour moi, et je vis du skate, il faut donc que j’essaye de rester présent dans les medias un minimum. Et quand je voyage pour skater, en général, je suis plus productif qu’à la maison : moins de distractions et des nouveaux spots qui me motivent. Et j’ai l’impression que chaque voyage m’apporte quelque chose, du bien comme du mauvais… Je trouve ça pas mal.

Quand tu vois un article dans un endroit fou, tu es frustré de ne pas y être allé?
Au contraire, ça me fait plaisir et ça me motive à rebouger. Pour moi, le voyage n’est pas une compétition. Je voyage pour faire mes expériences personnelles, pas pour me vanter. J’aime bien faire partager certaines de mes aventures, mais ce n’est pas la raison de mes voyages. Je ne suis pas jaloux des autres, et je ne dois pas aller partout non plus.
Mais si l’endroit dans l’article a l’air vraiment fou, je verrais si ça me bote d’y faire un tour aussi.

Il me semble que tu as trouvé un bon partenaire avec Patrik Wallner pour beaucoup de tes voyages, vous vous êtes rencontrés comment?
Ça fait un moment que je connais Patrik, maintenant. Je l’ai rencontré à Barcelone quand il a eu son premier boulot à filmer pour Adidas Allemagne. Comme les gars sont mes amis, j’allais en mission avec eux. On a vite sympathisé et comme il bossait sur sa toute première vidéo, Translations, il m’a demandé si j’étais chaud de faire une petite part. Je suis allé le voir à NYC, puis je suis parti au Vietnam, Laos, etc., et, de nulle part, il est venu me rejoindre pour filmer. C’était son premier voyage en Asie, je crois. Depuis, il est reste scotché là-bas ! [Rires]

Fais-nous un petit résumé de vos aventures ensemble…
Un petit résumé? Hmm… Au Vietnam, je lui avais parlé du train qui traverse la Sibérie, j’avais lu quelque part que, dans les dix prochaines années, ils allaient arrêter la ligne–ce qui est, on l’a appris depuis, complètement faux– et que je voulais absolument faire ce trip. Patrik m’appelle un peu après, pour me dire qu’il était chaud et que ce serait génial d’en faire un petit documentaire, le 10 000 Kilometers, de Moscou à HongKong, en train!
Durant ce trip, on s’est dit que ce serait génial d’aller de l’Europe jusqu’en Asie, puis d’Asie en Europe, en passant par la terre. En train, bus, voiture, moto, bateau, etc. Regardez Killing Seasons, Holy Cow, Meet the Stans et vous verrez qu il existe des endroits chouettes partout, même, et surtout, où on les attend le moins.
Puis il y a notre petite série des Fishing Lines. On a eu l’idée lors d’un trip à New York. On n’avait pas de projet, on s’est donc dit : “Viens, on va fouiller les rues, essayer de skater les trottoirs et filmer de petites lines à la cool” pour faire l’opposé des vidéos "américaines" avec des "hammers" dans tous les sens… [Rires] Ça nous a bien occupé, et on a kiffé de skater tout ce que l'on a pu trouver.

 Patrik Wallner

Tuck knee à New Delhi, en 2011. photo: Patrik Wallner

Un endroit où tu aimerais vraiment aller, skate ou pas skate?
J’aimerais bien me faire ma propre image de l’Iran, par exemple. On entend tellement de mauvaises choses dans les medias…

Un moment où tu t'es dit "mais qu'est-ce que je fous-là"?
Non, je crois pas. Jusqu’à présent, on a toujours trouvé de quoi skater, partout où l’on est allé. Par exemple, en profonde Sibérie, on ne pensait pas qu’il y aurait autant de spots. On s’est vite aperçu qu’on n y connaissait rien du tout. Ça m’a vraiment ouvert les yeux. C’est génial, là-bas! Ou au Kirghizstan : on a trouvé de méchants spots!

Retour à Berlin… Tu t’es installé là à quel moment de ta vie?
Après ma licence à Munich, je me suis dit qu’il était temps de changer d’endroit. Ma copine devait aller à Berlin pour ses études, et l’on y est allé ensemble. Je ne connaissais que le Sud de l’Allemagne, donc je trouvais ça une bonne idée. Ça fait huit ou neuf ans que je vis ici, maintenant.

Comment tu décrirais Berlin?
La ville est grande, ouverte d’esprit, jeune, innovatrice. Il se passe plein de bonnes choses et la ville évolue rapidement. La vie ne coûte pas cher et l’on ne s’y sent pas déplacé –comme à Munich, par exemple– si l’on n’a pas un “vrai boulot”, comme les autres. [Rires]
Par contre, il faut se méfier, car on peut vite tomber dans la fête, ici, car ça bouge beaucoup, tout le temps. Tout le temps!
La scène skate est géniale, de tous les ages. Beaucoup “d’anciens” motivés à fond et qui skatent à un level incroyable. Et l’ambiance est vraiment agréable : tu peux skater avec n’importe qui, tu passeras un bon moment. L’attitude des skateurs est vraiment bien.

Tu te vois y vivre longtemps?
Je ne sais pas. Je me vois rester, mais je pourrais aller ailleurs, aussi. Mais pas ailleurs en Allemagne, ça c’est sûr.

Et le prochain voyage, alors?
Je ne sais pas encore. Sans doute avec Patrik, en Iran! [Rires]

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