PREMIERE / "L'ELDORADO" / "Chronicles of the Past" Nantes / INTERVIEW

Aujourd'hui, sur LIVE, il ne s'agit pas de vous présenter une seule production vidéo mais plutôt deux ; et, en général, de vous représenter la scène de la ville de Nantes, en France, alimentée depuis moult décennies par des générations successives d'activistes qui s'adonnent sans relâche à véhiculer non pas que leur pratique du skate, mais également la richesse de leur localisation. Forte place du skate hexagonal ayant notamment nourri les prouesses d'un certain Thibaud Fradin alors que son parrain Cliché Skateboards, la regrettée marque de Jérémie Daclin, décollait plus ou moins littéralement à l'étranger, ou encore les aventures de David Couliau d'un côté ou de l'autre de l'objectif et de l'industrie, Nantes peut désormais sembler un poil en retrait du paysage médiatique par rapport à sa position dans les années quatre-vingt-dix ; faute de politique locale particulièrement encourageante, dirons certains, et faute d'attention, dirons-nous. Effectivement, la scène est toujours vibrante en deux mille vingt-et-un, portée par l'hyperactivité de plusieurs skateshops (NDJBanc PublicMilk) mais avant tout de locaux passionnés, dont une poignée s'échine carrément à gérer le magazine de skate local : Ob'Session. "L'ELDORADO", c'est le nom de la nouvelle full-length produite par ces derniers : un projet conceptuel défini à la notoire Sony VX-2000 et habillé de la poésie locale d'antan, via des parallèles avec l'oeuvre cinématographique du réalisateur nantais Jacques Demy, et d'aujourd'hui, par le biais d'animations potelées par Rose Moreau, de mises en scène théâtrales et d'excellente planche à roulettes. En parallèle de tout ça, c'est justement le moment qu'a choisi Franck Pierron, aussi (souvenez-vous de "TRACKED MOVEMENTS" et de son interview sur LIVE à cette occasion), pour nous proposer de diffuser sa nouvelle pépite vintage - anachronisme, quand tu nous tiens - "CHRONICLES OF THE PAST: NANTES EDITION" est une véritable capsule temporelle qui vous transportera dans les vraies de vraies nineties, le temps de quatre minutes et d'autant de kickflips légendaires. Décidément, l'occasion de fédérer toutes ces énergies au sein d'un même article était trop tentante ; l'occasion de découvrir ou redécouvrir Nantes au travers d'un prisme pour le moins transgénérationnel, via échanges croisés avec les intéressés, à retrouver ci-dessous, maintenant !

 

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Ob'Session Magazine Nantes / "L'ELDORADO"

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LIVE Skateboard Media : Yo Mattéo ! Tout d’abord, félicitations pour ce petit bijou de vidéo de skate française, c’est un plaisir que de pouvoir partager quelque chose d’aussi chouette. Si la qualité du projet parle d’elle-même sous bien des aspects, elle n’est pas sans amener son lot de questions : qui êtes-vous, Damien et toi et quels sont vos parcours respectifs dans le skate, la scène Nantaise et la VX ? Comment vous êtes-vous réparti les tâches, lors de votre travail sur ce projet, comment avez-vous géré l’organisation de son concept pour le moins original et, évidemment, qu’est qu’Ob’Session, cette publication à laquelle il se trouve rattaché ?

Mattéo Gaudin : Hello Aymeric ! Merci beaucoup pour tous ces éloges. Alors pour les présentations, moi j'ai vingt ans, je skate depuis sept ans à Nantes. On y fait (avec Louis Chopinx, Rose Moreau et Alban Boisselier) un skate mag local depuis quatre ans : Ob'Session. J'ai fini un BTS audiovisuel option montage l'année dernière et je travaille pas mal à Paris ces derniers temps et, sinon, j'ai toujours plus ou moins filmé du skate pour le plaisir. Je suis depuis longtemps attiré par le format Mini-DV mais je filmais surtout avec des petits caméscopes retrouvés chez les grands-parents (tout comme les cassettes). Ça m'avait permis de mettre un premier pas dans la réalisation de vidéo de skate, notamment avec la vidéo "C'EST LA FAIM" - toujours pour le compte d'Ob'Session.

J'ai rencontré Damien il y a quelques années et j'étais fasciné par sa maîtrise (aussi bien pratique que théorique) de la VX. En effet, il a déjà un gros bagage de projet avec une très bonne brochette de skaters d'un peu partout. En tout cas, il m'a beaucoup appris pendant que l'on filmait "L'ELDORADO".

Pour synthétiser assez rapidement ce projet de vidéo, l'idée a surgi il y a tout juste un an. Nous commencions à élaborer notre quatrième magazine, j'avais bien envie d'accompagner ce nouvel opus d'une vidéo assez consistante, un vrai projet, quoi. Et justement, je venais de terminer un stage où j'ai pu récupérer une trentaine de cassettes Mini-DV (denrée qui se raréfie de plus en plus) et j'étais parvenu à « dépanner » une des nombreuses VX hors service de Damien. On avait la caméra, les cassettes et les skaters, ainsi que la motiv'. Mais soudain arriva le 18 mars et la suite, tout le monde la connaît.

Nous avons essayer de tricher le moins possible pendant le confinement (« stay home » proclamé par toutes les superstars du skate oblige) et nous avons repris les sessions avec joie dès le déconfinement.

L'été passait agréablement et les disques durs commençaient à se remplir doucement. Nous avions alors une vague idée de ce à quoi allait servir ces rushs. Nous avions simplement pour projet de faire une vidéo de skate assez longue dont la sortie correspondrait avec celle du nouveau magazine, sur lequel nous bossions en parallèle mais, jusque là, toujours aucune direction artistique, thème vers lequel s'orienter.

"J'ai trouvé qu'il serait
sympa d'essayer
de reproduire les mises
en scène de 'LOLA'
à la VX"

Mais au cours de cet été 2020, Rose Moreau, illustratrice du magazine, me fit découvrir le cinéma de Jacques Demy, notamment avec "LOLA". Je fus immédiatement conquis par l'univers du réalisateur nantais et bien amusé de voir le vieux Nantes à travers ce long métrage.

Après avoir revu le film, j'ai trouvé qu'il serait sympa d'essayer de reproduire les mises en scène de "LOLA" à la VX avec des skateurs. J'en touche deux mots à Damien qui, même sans avoir bien compris au départ, est chaud. On tourne les plans quelques jours avant l'obligation du port du masque en ville et on s'en sort plutôt pas mal en un après-midi avec des figurants qui ne comprennent rien à l'objet de leur convocation.


Alan Sanchez, hardflip. Ph.: Matéo Gauthier

On arrive au début de l'automne, et nous entamons le montage. 

Rose est arrivée en renfort en créant tous les synthés de la vidéo et des animations toujours trempées à la sauce Demy.


Artwork: Rose Moreau

Il nous manquait toujours un nom. Après avoir revu une énième fois "LOLA", cela paru évident : "L'ELDORADO", en référence au nom du cabaret du film, plus que récurrent.

"La ville avait l'air
de rayonner bien plus
qu'aujourd'hui
dans les années
quatre-vingt-dix"

Notre post-prod' a duré un certain temps ; nous avons eu quelques soucis, notamment au niveau du son. Au dérush, on avait régulièrement des crashs de son aux pops et aux replaques. On a donc refait le son de toutes les lines et tricks affectés par ce problème en utilisant des sons d'autres essais.

Mais peu importe, nous nous étions fixé une deadline.

En effet, les magazines étaient imprimés et réceptionnés. Nous avions donc organisé une release party pour le 31 octobre 2020, où une avant première de "L'ELDORADO" était plus qu'attendue. Quelques jours avant l’événement, nous avions quasi bouclé une version destinée à l'avant-première, les mags étaient toujours prêts mais le gouvernement en décida autrement puisqu'ils annoncèrent le reconfinement.


Damien Indersie, Basile Colas, Teo Manceau, Joe Serra. Ph.: Mattéo Gaudin

Grosse frustration pour toute l'équipe. Le moral en a pris un coup mais nous n'avons rien lâché, nous avons simplement patienté pour reporter notre event. Le problème c'est que, même à l'heure actuelle, la situation est toujours délicate. Après le « redéconfinement » douteux, le ras-le-bol prit le dessus et nous avons décidé d'organiser une avant-première, plutôt pirate, sous le préau des Beaux-Arts de Nantes.

"Je trouve qu'une ville,
et tout ce qu'elle émet,
joue beaucoup
dans la construction
d'une personne
"

La chance était avec nous ce 20 décembre 2020 : pas de difficultés techniques (grâce aux coups de main des copains, en particulier Charles Lautru), une bonne présence de la scène et une absence des forces de l'ordre rassurante.

La bonne ambiance générale était de la partie, soutenue par divers types de breuvage. Couvre-feu à vingt heures oblige en temps de pandémie, nous avons du écourter ce précieux moment pour se terrer dans diverses soirées.

"L'ELDORADO" fut une très bonne aventure, surtout pendant la crise sanitaire où il est plus difficile d'entreprendre des projets et de les mener à bien.

LSM : Comment raconterais-tu cette volonté de représenter la scène de la ville de Nantes ? Quand est-elle née ? Car chapeauter une publication indépendante tout en assurant la production vidéo, ce n’est pas rien. A quel point es-tu conscient de l’héritage culturel que représente cette ville pour le skate français ? Le montage de Franck en témoigne : la scène locale est de longue date, les spots ont toujours été rossés et, même des décennies plus tard, certains activistes comme Thibaud Fradin répondent toujours présent à l’appel. La médiatisation de l’endroit est un peu différente en ce moment, le focus général s’étant principalement recentré sur Paris, Lyon et Bordeaux depuis les années quatre-vingt-dix ; néanmoins, il continue de vivre et de produire ("NANT’ES SERIEUX"), voire même d’attirer les foules les plus initiées ("NANTESLAJOLHY"). Dans ce contexte, à documenter l’effervescence locale actuelle, comment te places-tu ? Quels sont les acteurs principaux du moment, dans la région, et comment travailles-tu avec eux ?

MG : J'ai grandi à Nantes et j'ai skaté majoritairement là-bas, et je trouve qu'une ville, et tout ce qu'elle émet, joue beaucoup dans la construction d'une personne - surtout à l'adolescence. Et puis, j'ai toujours été fasciné par cette ville (autant architecturalement que culturellement), peut-être dans un premier temps car je venais d'un bled assez rural, à une bonne heure de transport en commun de la métropole.

"C'est vraiment
à travers Ob'Session
que j'ai finalement
découvert le plus
la scène
nantaise"

C'est donc cette attirance qui nous a poussé, Louis Chopinx et moi, a créer un fanzine dédié à la scène de Nantes. On ne savait vraiment pas dans quoi on se lançait, on avait dix-sept ans, on connaissait finalement peu la scène et son histoire mais la motivation et le kiff étaient au rendez-vous. Et notre projet, à ses débuts, a été dans l'ensemble accueilli avec bienveillance et conseils, ce qui nous a permis de poursuivre.

C'est vraiment à travers Ob'Session que j'ai finalement découvert le plus la scène nantaise, en discutant avec des plus vieux, en matant d'anciennes vidéos, en rencontrant du monde lors des sessions, events, projection, soirées... Certaines vidéos m'ont beaucoup marqué, je les avais trouvé notamment grâce au numéro spécial Nantes d'A Propos Skate Mag. Ainsi, je matais en boucle la vidéo "BREATHLESS" d'Arthur Bourdaud, les vidéos 22 Clothing (et celles de David Couliau en général) puis plus récemment les productions de Damien bien sûr ("NANT’ES SERIEUXforever), tout ce que Romain Batard a pu faire à Nantes et aussi Nantes SB, les Raskals, Loop It, Zes't...


Ph.: Mattéo Gaudin

Et pour rebondir sur ta question de l'héritage skate de Nantes, c'est clair que la ville avait l'air de rayonner, bien plus qu'aujourd'hui au sein de la France et de l'Europe vers la fin des années quatre-vingt-dix. L'âge d'or des Cinquante Otages et de la Med', 22 Clothing, Nolliewood... Ça avait l'air d'être le feu (c'est le cas de le dire) mais je suis quand même heureux de vivre à mon époque et de tout faire pour mettre en œuvre un appui à la médiatisation. Et, comme tu le dis, de voir des super projets comme "NANT’ES SERIEUX" ou encore le team HY Skate Bag dans une vidéo à Nantes, ça donne de l'espoir pour la suite.

"Quand tout œuvre
au nom du skate,
ça peut donner
des créations
incroyables"

Il est vrai qu'on a tous plus ou moins cette volonté que Nantes retrouve sa polarité skate au niveau national et même plus, comme Bordeaux, par exemple - et je pense qu'on est sur la bonne voie avec des skateshops présents pour la scène (NDJ, Banc Public, Milk), une richesse en spots, beaucoup de projets artistiques, D.I.Y., de marques... Il ne faut pas se reposer sur le passé à mon avis, même si on peut en être assez fier. Il y a de plus en plus de skaters qui commencent à bien exploser et surtout de filles qui commencent à skater et c'est une très bonne chose, j'ai vraiment envie d'encourager tous ces mouvements et le magazine est un très bon outil pour ça.


Artwork: Rose Moreau

LSM : En plus d’être d’une saveur particulièrement délicieuse du fait du parallèle constant avec l’oeuvre de Jacques Demy, la vidéo est également habillée d’animations home made et de contributions audiovisuelles en tout genre ; ce qui nous amène à s’interroger : à quel point les skateurs de Nantes créent-ils ? Au vu du nombre de skateurs figurant dans la vidéo et de l’énergie de groupe qui s’en dégage en général, assez naïvement, j’imagine que la répartition des contributions n’a pas été trop difficile à improviser ? Saurais-tu nous citer des créatifs nantais qui, selon toi, méritent une mention particulière ?

MG : Nantes a, je pense, toujours eu cette bonne réputation artistique que l'on connaît aujourd'hui. Et ça se voit au sein de la scène skate. Il y a pas mal de musicien-ne-s, de grapheur-euse-s, tatoueur-euse-s, dessinateur-trice-s, photographes, vidéastes... Et quand tout œuvre au nom du skate, ça peut donner des créations incroyables. Sur le tas, je citerai Nancestpasoim (Nicolas Champaux) qui a sa petite ribambelle de tricks dans la vidéo et un article (justement axé art) dans notre dernier magazine. Il invente des alphabets de symboles qu'il pose un peu partout en ville et s'est mis depuis l'année dernière au tatouage, ça promet ! Alan Sanchez fait beaucoup d'image, autant photo que vidéo, et j'aime beaucoup sa façon de concevoir l'espace et le temps à travers ses productions ; tout comme Damien, d'ailleurs. Il y en a tant d'autres, dans divers domaines, mais ça prendrait des heures [rires].


Ph.: Félix Picaud

LSM : Saurais-tu nous raconter un peu la scène, aussi ? Qui sont les gens impliqués, qui sont tous ces skateurs aux noms parfois reconnaissables, parfois obscurs, selon l’exposition à la scène de chacun ? Comment se sont déroulées les sessions lors de la réalisation du projet, était-ce naturel de glaner des images au fil du temps ? Combien de temps le processus a-t-il duré, d’ailleurs ? Pourrais-tu nous narrer l’historique des spots récurrents dans la vidéo (par exemple le D.I.Y. qui finit en feu, ou encore cet espèce d’amas de blocs) ? Quelque anecdote marrante concernant un ou plusieurs clips, peut-être ?

MG : Actuellement, je trouve la scène assez homogène, ce qui donne lieu à de superbes sessions transgénérationnelles. Bien sûr, il existera toujours des crews comme partout et c'est une bonne chose, tant qu'il y a du respect sur le travail, les points de vue, les styles et les manières de procéder de chacun. Je pense que c'est ce qui peut parfois faire défaut à la scène nantaise : un manque d'osmose, peut-être, mais dans l'ensemble il y a une bonne entente.

Et des gens qui se bougent pour la scène, il y en a ! Je pense notamment à Maxime Nicolas qui a ouvert son propre shop depuis bientôt deux ans (Banc Public) et qui n'a pas arrêté de proposer des events, du contenu, du soutien pour des projets artistiques, D.I.Y...

Et en parlant de D.I.Y., je pense que ça va devenir une force du skate à Nantes. Certes, nous ne sommes pas aussi fournis que certaines villes, mais il y déjà eu auparavant plusieurs beaux chantiers (la Maison Claude, le D.I.Y. de Bellevue, la carrière de Chantenay...) mais il y a surtout ce nouveau projet, Vincent Plage. Une plaza livrée en même temps que le dernier skatepark qui fut très vite appropriée par les skaters. Résultat : une asso s'est montée pour donner un poids au projet et, prochainement, un vrai chantier 100% D.I.Y. va commencer en plus des modules, jardins, ameublements et décorations à la réalisation déjà bien entamée. Ce spot fait largement l'affaire pour une grosse session ou bien pour chiller, il est en constante évolution, on y fait de bonnes soirées et c'est surtout un enjeu pour la scène que de développer ce spot nous-mêmes, pour montrer à notre « chère » municipalité qu'il est peut-être (enfin) temps qu'elle s'investisse d'avantage dans le skate niveau infrastructures et mentalité.


Maxime Brondy. Ph.: Mattéo Gaudin

Mais pour revenir à Vincent Plage, deux parts de la vidéo ont été filmées là-bas : une de jour et une de nuit. On s'est bien marrés à faire cette session on fire, en effet, et aucun de tous ces délires n'étaient prévus, de base. Ça montre l'engouement que transmet le spot : il peut ne rien s'y produire de bien passionnant comme il peut s'y passer un truc de fou.

Pour le reste des sessions, l'organisation était très classique : une conversation Insta, un petit message « qui skate aujourd'hui ? » et ça part - comme pour beaucoup de personnes il me semble [rires]. On a filmé la quasi-totalité des images en six mois, à peu près - à l'exception de quelques clips qui sommeillaient depuis plus longtemps dans les disques durs de Damien.

Sinon, pour les anecdotes, je trouve que c'est toujours compliqué de prendre le recul nécessaire pour en sortir de bonnes mais allons-y. De base, la vidéo devait sortir sans last trick. Et puis, pendant le confinement en novembre, il y a eu cette expédition Graslin et Alan Sanchez ne s'en est pas trop mal tiré avec son hardflip - en sept essais il me semble. Dernier trick filmé, dernier trick de la vidéo, j'aime bien cette idée [rires].

LSM : La question transgénérationnelle qui s’impose : qu’as-tu pensé du montage de Franck ? N'ayant jamais vu ces images, quelles ont été tes réactions ?

MG : Déjà, avant de regarder la vidéo, rien que l'idée de voir des clips inédits des années quatre-vingt-dix à Nantes me chauffait carrément. Après l'avoir vue plusieurs fois, c'était vraiment un plaisir. C'est énorme de voir des spots nantais qui n'ont pas trop bougé pour certains (comme les Cinquante Otages) ou, au contraire, des spots qui n'existent plus, comme le gap du C&A. Thibaud Fradin et David Couliau étaient déjà bouillants, et on retrouve vraiment un esprit propre à cette époque.

LSM : Merci pour ton temps, Mattéo ! Concluons avec ce que tu espères pour la scène de Nantes et ses différents acteurs, idéalement, pour la suite. Aussi, quid de la suite avec Ob’Session et de nouveaux projets vidéo, peut-être ?

MG : Je souhaite à notre scène le meilleur, que tous les projets entamés aboutissent et que de nouveaux débutent. Un investissement de tous plus général et plus de visites de crew d'autres villes, ou marques serait également top. Mais surtout que tous le monde continuent à kiffer, que la ville continue à nous pondre des purs spots qui seront le support d'écriture des nouvelles histoires skateboardistiques de Nantes.

Pour Ob'Session, un cinquième magazine est envisagé ; après, ne vous attendez pas à ce qu'il sorte tout de suite, on s'est habitués à en sortir un par an [rires].

Sinon, j'en profite pour remercier, pour leur contribution au projet : Damien Indersie qui m'a beaucoup appris, notamment le filming au fish-eye (il me reste encore beaucoup à apprendre) et qui s'est investi autant que moi dans "L'ELDORADO".

Rose Moreau, qui nous a filé un gros coup de main et a su donner une touche graphique unique au projet. Charles Lautru, qui s'est porté volontaire avec plaisir pour la figuration (accompagné d'Ornella Frati) et qui nous a sauvé la mise pour l'événement.


Rose Moreau. Ph.: Mattéo Gaudin

Enfin, nous remercions tous ceux qui ont participé de près ou de loin à "L'ELDORADO", tous ceux qui y ont cru.

Banc Public Skatestore, NDJ Skateshop et le Curieux Coffee. 

Et, bien sûr, tous les acteurs de la scène nantaise et puis vous, Live Skateboard Media, pour cet interview et la mise en avant de notre projet, gros big up !

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Franck Pierron / "CHRONICLES OF THE PAST: NANTES EDITION"

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LIVE Skateboard Media : Yo, Franck ! Merci de nous confier cette nouvelle pépite d'époque, principalement filmées à Nantes, mais pas que puisqu'on peut également y entrevoir quelques images à Rennes. Peux-tu nous relater ton expérience de filmer ces images à l'époque, et de finalement les assembler pour ce "CHRONICLES OF THE PAST: NANTES EDITION", des décennies plus tard ?
 
Franck Pierron : Ah, mon expérience de l'époque... [soupir] Ça fait un bail quand même, mais je me souviens être allé à Nantes pendant quelques jours, et David et Kevin Couliau (enfin leur maman) m'avaient gentiment accueilli (merci encore à eux).
 
Avec David, nous avions pas mal filmé cette semaine-là ; il était toujours chaud pour aller skater et filmer, donc c'était un bonheur pour moi - car je ne demandais qu'à filmer du skate, c'est tout ce que je voulais. Je n'avais qu'un camescope Hi-8 Sony (un TR-650, si je me souviens bien) avec un fish-eye qui ferait pleurer tout propriétaire de VX-1000 équipé du fameux death lens de Century mais bon, ça n'existait pas à l'époque.
 

"Je vois que Nantes
a du bien se développer
depuis que j'y suis
passé"

 
J'adorais vraiment l'énergie et le pop de David, il avait un méchant niveau, il était toujours volontaire et j'étais assez fan, je dois dire.
 
Je ne me rappelle plus pourquoi j'avais atterri à Nantes ; on devait déjà se connaitre, David et moi, d'un peu avant ça - sûrement via les contests de l'époque (à Orleans, Cholet, ou encore les Glissexpos), et aussi grâce à la marque de fringues nantaise de l'époque : 22 (Twenty Two) faite par Fabrice Delanous a.k.a. Bamak.
 
Thibaud Fradin et quelques-uns du crew de Nantes de l'époque faisaient aussi partie du tournage, ça avait été une bonne moisson en termes de tricks. Quelque temps plus tard, j'ai du passer une ou deux journées à Rennes pour avoir des images de Jean Le Chauve a.k.a. Geoffroy Leblanc : un top style et toujours bien fringué, dommage que je n'ai pas plus de rushs de lui, je les aurais incorporés sans hésiter.
 

Franck Pierron. Ph.: Thomas Pierron
 
Mon grand regret reste que ces clips n'aient pas trouvé une utilité à l'époque où je les ai filmé, mais je crois que je doutais sur pas mal de choses et que ça m'a freiné ; en tout cas, il était grand temps que ces rushs servent enfin.
 
Je me rends compte que je filmais trop au fish-eye tout le temps ; si c'était à refaire je referais plus de portraits, de mise en scène, en plus du skate qu'on filmait.
 

"C'était presque
plus fort
que la réelle famille"

 
LSM : Quelle est ton impression sur ton aperçu de la scène actuelle via le prisme de la vidéo des djeunz, et qu'as-tu toi-même pensé de cette vidéo ? Ça t'a rappelé des souvenirs perso, peut-être ?
 
FP : J'ai vraiment bien aimé cette vidéo car j'adore retrouver l'amitié et la déconne en plus du skate, dans les vidéos.
 
Si ceux qui regardent la vidéo ont le sentiment de "famille" entre les skaters et de l'esprit léger qui peut aller avec le skate, alors pour moi c'est que la recette est réussie.
 
J'ai vécu le skate à Tours avec un fort sentiment d'être entre potes et que c'était presque plus fort que la réelle famille, et j'ai l'impression de retrouver ça dans cette vidéo, donc "bravo, good job" pour ça les gars, c'est ce qui donne envie d'aller skater.
 
Pour ce qui est du niveau, il est très bon, et je vois que Nantes a du bien se développer depuis que j'y suis passé car je n'ai pas vu beaucoup des spots que j'avais filmé.
 
Ça fait plaisir de voir cette scène nantaise bien animée.
 

"J'ai du mal à comprendre
que [la Sony VX-1000]
soit aussi culte"

 
Mais toutes les avancées en terme de vidéo de skate, c'est à dire la VHS puis le DVD puis Youtube, et enfin Instagram, j'ai toujours trouvé ça réducteur ; je trouve dommageable de n'avoir que des petits clips de skate éparpillés ici et là dans Instagram, on zappe trop vite. Moi, mon amour va plus pour les videos d'une vingtaine ou trentaine de minutes (voire plus) : au moins, on se pose et on regarde et on a le temps d'apprécier. La consommation de vidéos sur Internet semble vraiment avoir quasiment annihilé toutes les videos longues, et ça c'est dommage.
 
En tout ça, ce petit montage m'a donné envie de replonger dans mes cassettes un peu plus encore, et faire une petite série que j'ai intitulé "CHRONICLES OF THE PAST". J'ai pas mal de choses sur Toulouse, des contests en France, en Europe... Je vais m'y atteler prochainement, et balancer ça sur... Instagram... OK, on ne rigole pas.
 
Dans un avenir plus ou moins proche, j'avoue que mon rêve serait de filmer du skate en France ou en Europe avec une bête de caméra ciné genre Red ou Arri, pour faire un beau produit. Je n'ai rien contre la VX-1000 mais j'avoue que l'image fait "datée" pour moi, et j'ai du mal à comprendre que cette caméra soit aussi culte ; pour moi elle est un symbole des années 1995 à 2000, elle  était géniale et super pratique en terme d'ergonomie mais il y a mieux maintenant. Je ne vais peut-être pas me faire des amis, sur ce coup-là [rires].
 
Allez, so long guys !
 
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