"Salvage Title" / PREMIERE
Wes. Ph.: Trevor Murphy
Hustlapreneur est un petit projet blague, lancé avec des potes il y a quelques années. En gros, on a pris le nom le plus naze qu'on a trouvé pour une marque de skate potentielle, et le concept, c'était de détourner des lyrics de rap pour en faire des graphiques de board, comme un genre de DGK en plus basique. Finalement, dans la durée, on a fini par vraiment produire quelques boards, et récemment j'ai plaqué l'un de mes boulots afin de pouvoir passer plus de temps à développer le projet.
On a également en tête de développer un concept autour du nom Portmanteau ("mot-valise" en Français). A la base, "Hustlapreneur" est un très mauvais mot-valise, et en comparaison, Portmanteau fait classe, peut-être même trop, ce qui est comique. En tout cas, ça passera sûrement mieux sur un tee-shirt...
LSM : Peux-tu nous décrire à quoi ressemble ta région : Santa Rosa, ainsi que Sonoma County ? Dans votre clip, un peu comme dans la récente vidéo indépendante "Grains" en provenance de l'Illinois, les décors ont l'air plutôt ruraux et les spots, assez confidentiels...
Wes : La ville de Santa Rosa est plutôt grande, avec près de deux-cent mille habitants. Si le coeur t'en dit d'aller filmer dans une cour d'école horrible, là-bas, pas de problème, ils en ont.
"Le sol cagneux, ça aide aussi"
Mais si tu t'éloignes vers l'ouest, vers l'océan, alors il y a plein de petits chemins et de bleds à explorer, regorgeant de spots intéressants ; puis, si tu remontes plus loin encore vers le nord, ou si tu explores l'est, alors tu te retrouves en pleine région viticole, ponctuée de fermes et de vignobles. Là, ça devient franchement rural.
LSM : Qu'est-ce que tu recherches dans un spot de skate ? A quel point galères-tu pour en trouver qui te conviennent ? Trouves-tu quelque chose aux spots de village que les spots de grande ville n'ont pas ?
Wes : Je trouve que l'esthétique d'un spot, c'est aussi important que le trick qu'on y applique. Si tu trouves un obstacle original à skater et qu'en plus, il se trouve y avoir un bâtiment intéressant en arrière-plan, alors tu as tout bon.
Le sol cagneux, ça aide aussi. Je me souviens qu'après être tombé pour la première fois sur des vidéos telles que “Via” de Traffic Skateboards, ou encore “Last of the Mohicans” de Joe Perrin, j'ai commencé à voir les spots autrement, et à choisir les miens en fonction de critères différents.
Ph.: Trevor Murphy
Ca m'est clairement arrivé plusieurs fois que de conduire en rond pendant des heures à la recherche de spots, ou encore d'en rechercher via Google Earth. Souvent, c'est à force de passer plein de fois devant le même endroit qu'on finit par apercevoir de nouvelles possibilités.
Le dernier clip qu'on a sorti s'appelle “Acrework” ("fouille d'hectares"), on a choisi ce nom à cause de Bobby Puleo qui qualifie sa technique de recherche de spots de "blockwork" ("fouille de quartiers"). Dans cette vidéo-là, on se focalisait sur les spots isolés dans la campagne, justement.
Il y a clairement quelque chose qui me plaît dans l'allure des spots ruraux, mais ce que je préfère, je crois que c'est surtout à quel point ces journées passées à en rechercher peuvent s'avérer remplies. On se trouve à peine à une heure de San Francisco, mais le fait de prendre la bagnole et de se retrouver au milieu d'un million de personnes, c'est beaucoup plus stressant comparé à la campagne, où les décors sont beaux, il y a des rivières et la plupart des gens te fichent la paix.
J'aime bien l'esthétique des spots de banlieue en général, aussi.
"De nos jours, quand on fait une vidéo de skate, on a la chance de pouvoir avoir un retour instantané"
Je suis sûr qu'avec Zac, on pourrait constituer toute une liste de vidéos nous ayant plus ou moins inspirés mais surtout, de nos jours, quand on travaille sur un clip de skate, on a la chance de pouvoir avoir un retour instantané de la part du public, du fait du web et des réseaux sociaux. Dans la plupart des magazines, on peut lire des interviews de pros qui déplorent le fait que les gens ne digèrent plus le skate que par Instagram, maintenant ; sauf que c'est faux, il y a encore un paquet de full-lengths travaillées et incroyables qui continuent de sortir en indépendant, en permanence.
Illustration par Zac Childers.
Par exemple, récemment j'ai beaucoup regardé la vidéo "Steel" par Adam Bos. En fait, si tu es vraiment fan de vidéo de skate, alors c'est sans problème que tu vas explorer le contenu auquel tu es exposé chaque jour, et en retirer ce qui te plaît. Puis, lorsque le moment arrive de réaliser ta propre vidéo, tu vas filtrer toutes ces influences à travers tes propres idées et préférences, puis encore à travers ce que tu es - concrètement - capable de faire, et ainsi, tu vas parvenir à un produit fini. Bon, j'imagine qu'on a digressé, là...
LSM : Qu'est-ce que c'est que cette histoire à propos des incendies que votre région a connu, récemment ? C'est ainsi que la maison de votre filmeur a été détruite et avec elle, tout le travail qu'il avait consacré à sa prochaine full-length, c'est ça ? C'est plutôt atroce...
La full-length de Chris, réduite à l'état de "salvage title" ("épave automobile" en Français).
"Souvent, ils portent des board shorts gigantesques"
LSM : Merci pour ton temps, Wes !
Wes. Ph.: Ian Johnson