PREMIERE / Dino Coce "SHAOLIN SPONZOR ME TAPE"
A ce point, admettre ne jamais avoir entendu parler de Dino Coce, c'est pratiquement reconnaître que d'être déconnecté des choses qui se passent à fond : sa vidéo complète, conceptuelle et indépendante "FINTA" est incontestablement l'un des produits skateboardistiques les plus originaux de ces dernières années, embrassant l'inspiration de désormais-classiques réputés dans le genre tel que "SPIRIT QUEST" par Colin Read mais avec une touche personnelle - qui n'est pas sans rappeler l'esthétique des travaux pratiques du réalisateur Michel Gondry, ou encore les montages frénétiques de Takahiro Morita ("OVERGROUND BROADCASTING"). Le résultat finalement obtenu est ni plus, ni moins qu'une approche unique du skate que Dino exporte sans concession aucune depuis la Croatie, avec amour.
Depuis la sortie de "FINTA" (dont il est toujours possible - et fortement recommandé - d'obtenir un DVD directement auprès de l'énergumène en personne, ici), Dino s'est aussi retrouvé dans l'expérimentation autour du format 'clip Instagram', sous le nom de code Orionskate, véritablement la recherche perpétuelle de mouvements qui lui sont bien propres et, eux-mêmes, explorent les réelles limites existant (?) entre la manoeuvre type de planche à roulettes et, littéralement, le tour de magie. L'insistance sur l'illusion est si certaine que la moindre dose de ses clips vous laissera perplexe quant à la nature de votre réalité - non sans évoquer le jeu d'un Gou Miyagi à l'apex de sa carrière, mais réinterprété et ce, depuis l'autre bout du monde.
En vérité, LIVE a déjà interviewé Dino deux fois, par le passé : une première fois à l'occasion de la sortie de "FINTA", dans la marmite pendant cinq ans, une lecture à retrouver ici aux côtés d'un panel de ses schémas d'étude et d'une section de la vidéo ; et une autre fois au sujet de "TABULA RASA", encore une autre vidéo indépendante qualitative signée par son compatriote Raul Žgomba et dans laquelle Dino a eu une part, en 2019, à (re-)découvrir ici agrémentée d'une discussion croisée avec le duo. A ce sujet, il faut remarquer qu'entretemps, Raul a sorti une nouvelle vidéo : "QUICKSAND", via l'impeccable magazine anglais Grey Skate Mag, comprenant une tripotée de légendes locales (titre pleinement justifié, croyez-le), évènement par ailleurs célébré avec un interview supplémentaire par le co-fondateur du Vladimir Film Festival Nikola Racan ; tout ça se mate là.
Ca y est, vous êtes au jus ? Et bien malgré tout cela, vous n'êtes probablement toujours pas prêt pour ce nouveau cadeau signé Dino : "SHAOLIN SPONZOR ME TAPE" est un montage réellement voué à susciter votre appétit pour sa prochaine réalisation format long (car oui, il bosse sur une nouvelle vidéo depuis quelque temps), mais aussi fort d'explorer en soi son lot de définitions, de formats, de concepts. Qu'est-ce qu'une 'web part' (sans rire, en vrai, c'est quoi, ce terme ?), qu'est-ce que le trick le plus technique possible - atteindre l'illumination, probablement ? Partant de ce postulat, voici une trace vidéo de Dino en phase de se transcender lui-même et ce, de moult façons plutôt que d'une.
C'était aussi une idée de Dino que de publier ce clip le 2/2/22 à 22:22 ; impossible, donc, de lutter contre les forces de l'univers. Le tout a été filmé par Dujma et Butko, salue l'appréciation de Dino à la fois pour les vidéos de skate japonaises et la spiritualité orientale au sens large et ne sera pas sans amener son lot de questions existentielles chez le spectateur moyen - plutôt efficace, pour un clip de skate sur Internet.