hernando ramirez

Locksley

"LOCKSLEY", c'est le titre de la nouvelle production de la marque brésilienne Perfume, de Fabiano Rodrigues, en collaboration avec Adidas. On y retrouve Fabiano en personne au montage, d'ailleurs et, derrière la caméra, deux chouchous : Alexandre 'Cotinz' ('not a filmer anymore!') Neaime (qui signe donc ici un certain retour à la réalisation, depuis "DOPPELGÄNGER") et Hernando "Ñaño" Ramirez, de ASCO Skateboarding. Côté skate, Fabiano sait s'entourer, là aussi, entre Akira Shiroma, Pedro Prosdossimi, Kali Oliveira et João Freitas. Treize minutes de H.D. tout terrain, comme il se doit, à base d'interprétation libre de quoique ce soit ressemblant de près ou de loin à un spot, avec notamment quelques sauts périlleux de banc et en banc et le tout, au service d'un patchwork audiovisuel expérimental.

Flanantopias

Après avoir référencé Francesco CareriLe Corbusier et Guy Debord, entre autres, au fil des ans et de leurs productions vidéo précédentes, les Brésiliens du collectif Flanantes reviennent en force avec "FLANATOPIAS" qui reprend, cette fois, l'analyse du philosophe français Michel Foucault, et pratique la théorie appliquée le temps de pas loin d'une demi-heure de H.D. au service d'un montage expérimental. Evidemment, le skateboard est efficace et ce, malgré les spots rugueux et l'année en cours, avec sur le plateau un nombre impressionnant de skateurs locaux, aux styles divers et variés - dont Luis MoschioniSergio Santoro ou encore Hernando "Nańo" Ramirez (de ASCO Skateboarding) qui, eux non plus, n'en sont pas à leur première apparition méritée sur LIVE. C'est produit par le magazine brésilien CemporcentoSKATE, qui propose une galerie photo inédite ici, ainsi que que ces quelques mots signés Leonardo Brandão :

"L'hétérotopie est un concept forgé par le philosophe français Michel Foucault ; le terme signifie l'invention d'autres espaces parmi les espaces pré-existants eux-mêmes.

Le skate, par exemple, est hétérotopique. A son travers, la rampe d'escalier n'est plus une rampe d'escalier, un banc n'est plus un banc.

De plus, il n'est pas question la grande hétérotopie mentionée par Foucault, celle du vaisseau, qui est une figure quintessentielle du dix-neuvième siècle. Les vaisseaux anglais explorant les mers, les transatlantiques, ces énormes espaces qui flottent eux-mêmes au sein de l'espace immense de la mer.

Ce type d'hétérotopie renvoie également au skateboard en lui-même, un espace réduit par rapport à celui du vaisseau, une métaphore de nos jours actuels ; en effet, contrairement au vaisseau, c'est au sein d'un espace offrant confort, luxe et sécurité qu'il vient se poser en tant que tel, avec son insécurité, son pragmatisme matériel, sa portée limitée et son évolution au sein de l'espace raréfié.

Le skateboard renvoie l'imagination à l'époque des premières navigateurs qui n'avaient que des barques. Sauf que les skateurs ne sont pas dans les océans : ils sont dans les villes, leurs hétérotopies sont urbaines, elles errent, rôdent, ce sont des flanantopias." Leonardo Brandão pour CemporcentoSKATE.

Enfin, on nous souffle dans l'oreillette que la sortie d'un nouveau projet Flanantes - un de plus ! - serait imminente...

"Situación de Calle" / Gerardo Sosa / INTERVIEW

C'est rare de voir une full-length de skate émerger d'Argentine, et pratiquement inédit qu'elle s'exporte dans le monde avec une audacité qui n'est pourtant que due. Si les spots du coin sont autant de proies au tourisme skateboardistique depuis un bon bail et que quelques noms fameux ont traversé la frontière - dans un sens ou dans l'autre, les productions locales semblent souligner un vide, de par l'absence de leur représentation dans les médias skate à portée internationale. Ce qui amène, logiquement, à se poser la question : que se passe-t-il, là-bas ?

La sortie de la nouvelle vidéo de Gerardo Sosa : "Situación de Calle", en tout cas, constituait l'opportunité parfaite pour attraper un activiste familier avec cette scène au tournant, et il s'est trouvé réceptif à l'idée de s'exprimer à son sujet, pour nous, pour vous, en cinq !

Zonzo

En plus de l'excellent skate - souvent original, et toujours cagneux - toujours signé de la crème de la crème de la scène brésilienne, ce que l'on apprécie dans les vidéos de Murilo Romão (dont on vous a déjà présenté les productions précédentes par le passé), c'est sa volonté, en tant que réalisateur, de pousser le concept de la vidéo de skate.

Le travail de Murilo avec Flanantes, son collectif, transcende la documentation de brutales cascades urbaines (et autres réinterpérations d'un environnement urbain visiblement hostile), pour la replacer au sein d'un contexte pertinent.

En l'occurrence, c'est le travail de l'architecte italien Francesco Careri qui a retenu son attention, au point d'axer sa nouvelle full-length autour d'une idée qu'il nous explique en détail :

"Francesco Careri, dans son ouvrage classique 'Walkscapes : la marche comme pratique esthétique', détaille les avantages de la marche, de l'exploration et d'à quel point il peut être bénéfique pour l'humain de s'égarer car, parmi les cultures dites primitives, les sédentaires qui ne se perdaient jamais ne progressaient jamais autant que les peuples nomades. Vers la fin du livre, il détaille la ville de Zonzo, une métropole imaginaire et métaphorique qui serait une ville dans la ville ; à mon esprit, c'est très proche des skateurs, à la perpétuelle recherche de Zonzo dans leurs déplacements imprévisibles. "Zonzo", cette nouvelle vidéo Flanantes, est infusée de cette pulsion d'explorer de nouvelles zones de la ville, ou de sa périphérie ; des zones abandonnées, des lieux en transformation spatiale comme temporelle et finalement, on se rend compte qu'en pratique, qui perd en temps gagne en espace." - Murilo Romão

Possiblement peut-être

"Possibly Maybe", soit. Ce qui n'est pas de l'ordre de l'hypothétique, par contre, c'est bien la propension des Brésiliens à "street débarouler" - langue morte que celle des rollers. En l'occurrence, c'est la violence véritable, avec une poignée du team Converse local au meilleur de sa forme (dont un Felipe Oliviera qui signe là certaines de ses meilleures images), et Hernando "Ñaño" Ramirez derrière la cam'. Ñaño, c'est le mac du skate de São Paulo (encore une métropole trop grosse, avec plus de douze millions d'habitants), dont le génie créatif tend à entâcher tout ce qu'il fait de la plus belle des façons. Jetez un œil à son travail avec Asco Skateboarding pour un aperçu de la patte graphique et de l'univers du bonhomme... Vous comprendrez alors sans problème la cohérence de son utilisation de la VHS, médium tout aussi désuet que les rollers susmentionnés mais aux lettres peut-être plus nobles. Oui, oui, c'est bon...

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